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Les 50 ans de la Concorde de Leuenberg

 

On a du mal à l’imaginer aujourd’hui, mais il n’y a pas si longtemps, même entre protestants, on ne pouvait pas célébrer la Cène ensemble ni inviter un prédicateur venant d’une autre Église. Encore 450 ans après les disputes entre les réformateurs sur la compréhension de la Cène (ou d’autres sujets) les clivages dogmatiques semblaient infranchissables. L’adoption de la Concorde de Leuenberg (CL) signée le 16 mars 1973 met fin à cette histoire conflictuelle. C’est l’expérience du « Kirchenkampf » pendant le régime nazi et la deuxième guerre mondiale qui a amené les Églises réformées et luthériennes issues de la Réforme, à chercher à dépasser la séparation.

Il est vrai : la Concorde de Leuenberg (CL) n’est pas très connue, elle n’attire pas forcément le regard et pourtant elle est une révolution (d’après la professeure Elisabeth Parmentier) ! Elle n’est pas seulement un consensus théologique mais la réalisation de la pleine communion ecclésiale entre Églises jusqu’à ce jour séparées. « Ce qui leur est donné est la communion avec Dieu fondée sur l’action salvatrice de Dieu pour les humains ; le message de la justification par la grâce seule. C’est de cette communion avec Dieu que découle la communion entre les Églises. L’unité est un don et non une œuvre des Églises. » [André Birmelé, La concorde de Leuenberg. Cinquante ans de communion ecclésiale 1973-2023, Olivétan-Cerf, 2023, p.69s]. Malgré les différences d’histoire, de piété, de tradition ou de choix théologiques (de l’Atlantique jusqu’à l’Oural), il est possible de célébrer le culte et de partager le repas du Seigneur, ensemble, accompagné d’une reconnaissance mutuelle des ordinations.

Ce sont les synodes de 109 Églises qui ont exprimé l’adhésion à cette concorde et la reconnaissance Les 50 ans de la Concorde de Leuenberg repères mutuelle de cette pleine communion ecclésiale. La communion ecclésiale ne signifie pas une uniformité, mais les « traditions confessionnelles différentes » (CL 29.37) ont toute leur place ; nous pouvons peut-être parler de la « communion réconciliée » (même si cette expression exacte ne se trouve pas dans la Concorde).

Cette communion ecclésiale ne peut rester sans conséquences, elle demande de « s’efforcer de parvenir à la plus grande unité possible dans le témoignage et le service envers le monde » (CL 29). Les discussions théologiques et éthiques se sont poursuivies ; les Églises signataires se sont donné pour cette raison une structure très légère au départ. Cette mini-structure a même provoqué des sourires. Mais les années ont poussé les Églises vers une communion de plus en plus concrète et elles ont créé en novembre 2003 la « Communion d’Églises Protestantes en Europe » (la CEPE) avec une structure juridique.

C’est certainement la tragédie de deux guerres mondiales qui a poussé les Églises à une prise de conscience : la réconciliation des peuples passe par la réconciliation des cultes. Les Églises ont donné le témoignage que les fossés du passé peuvent être dépassés et que réconciliation et communion sont possibles.

Finalement, il n’est pas important que le texte ne soit pas très connu puisqu’il a néanmoins atteint son objectif : rendre possible la communion ecclésiale et la réconciliation après un temps de conflit. Ce témoignage, en ce temps de guerre en Europe, donne l’espoir de pouvoir dépasser un conflit. Ainsi, dans le conflit actuel au sein de l’Europe, les Églises ont-elles un rôle clef à tenir dans la guérison des mémoires, la réconciliation et le service diaconal

 

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