Il est un temps pas si ancien où nous pouvions dire que la lutte contre le sans-abrisme et pour un accueil de qualité des personnes dépendantes était un enjeu de société simple à résoudre. Le remède était connu et à portée de main. Il suffisait de faire enfin collectivement le choix d’allouer les fonds nécessaires à l’ouverture d’un nombre suffisant de places d’accueil. Ce jour n’est hélas pas venu.
A l’époque, les régions françaises frontalières de la Suisse et du Luxembourg connaissaient déjà des problèmes de recrutement dans le domaine social et médico-social. Mais depuis, ces spécificités régionales sont hélas devenues la norme. Comme pour de nombreux secteurs d’activité, le recrutement de salariés est devenu extrêmement difficile en matière de travail social et d’accueil des personnes dépendantes. Recours à l’intérim et postes non pourvus pendant des mois entiers sont devenus le quotidien des établissements, avec pour conséquence une spirale négative qui fait que les salariés en place s’épuisent à faire un travail qui nécessiterait des équipes plus importantes. Le risque est qu’ils le quittent, ce qui alourdirait encore la charge de celles et ceux qui restent.
Là où certaines organisations font de leur communication le miroir des thématiques qui émeuvent le plus grand nombre, la Fondation de l’Armée du Salut a toujours considéré que sa communication était une occasion rare de vérité. Une occasion de représenter ce qu’est la France d’aujourd’hui, sans parti pris de départ, comme lorsqu’un média cherche des résidents de l’Armée du Salut dont le parcours illustrerait un sujet choisi au préalable.
Avoir un discours de vérité au début des années 2020, c’est alerter que l’action en faveur des plus fragiles a besoin d’un sursaut et dire que ce sursaut n’est pas que financier. Comme nous l’écrivons depuis 2017 dans chacune de nos propositions aux candidats et candidates à l’élection présidentielle, « l’amélioration de la situation sociale en France ne dépendra pas de l’élection d’un homme ou d’une femme providentiel… la réponse ne peut venir que de l’implication de toute la société civile ». Oui nous avons besoin de ressources financières supplémentaires, mais nous pensons que ce jour arrivera quand la société jugera inadmissible qu’une personne dorme dans la rue et fera pression sur le politique pour que cela cesse. Penser que l’action en faveur des plus fragiles dépend uniquement des financements de l’État et de l’engagement personnel des autres, c’est attendre une révolution qui n’arrivera jamais.
C’est pour faire passer ces messages que nous avons briefé notre agence de communication, VMLY&R. Dans notre domaine, le talent d’une agence est de réussir à synthétiser une vision de société en quelques mots. Une des manières d’y parvenir est le recours à des symboles partagés. Quel mot d’ordre est le plus susceptible d’appeler à la mobilisation de tous, au-delà des appartenances et des différences ? Quel mot d’ordre est le plus à même de donner vie à la devise de la République et à l’exigence de fraternité ? Quel mot d’ordre ne peut être revendiqué que par l’Armée du Salut ? C’est ainsi qu’est apparue l’évidence de faire appel aux premiers mots de l’hymne national. Aux armes ! Quel plus beau symbole et plus bel appel à la mobilisation de tous ? Les armes de 2023 ne sont plus celles de 1792. Les armes de 2023 sont l’engagement personnel, l’engagement professionnel, le don de soi ou encore le don d’argent.
Les métiers du social et du médico-social sont parmi les plus beaux du monde, car parmi les plus porteurs de sens. Il est du devoir de l’État et des employeurs du secteur de les rendre attractifs, de la même manière qu’il est de notre devoir de rappeler qu’ils existent. Tout ce qui est cru acquis n’est jamais assez défendu et c’est également vrai pour l’action en faveur des personnes vulnérables. D’où la volonté de la Fondation de l’Armée du Salut de le dire haut et fort. Aux Armes.
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