Voilà ce qu’entend et découvre l’impétrant lors de sa réception en franc-maçonnerie. Voilà ce qu’il ou elle aura à découvrir tout au long de son cheminement : tout est symbole, et la démarche maçonnique consiste à les découvrir, les apprendre et les assimiler afin de pouvoir les utiliser pour son bien propre, le bien de ses frères et sœurs et le bien de la société.
Un peu d’histoire : la franc-maçonnerie actuelle remonte au début du XVIIIe siècle et elle est d’abord anglaise. Deux pasteurs, James Anderson et Jean Théophile Désaguliers, l’un presbytérien écossais, le second fils de réfugiés huguenots, retrouvent les traces des vieilles traditions de métiers de bâtisseurs. Usant des symboles, des rites d’initiations, des valeurs humaines transmises dans ces « Old Charges », ils jettent les bases de ce qui deviendra la franc-maçonnerie dite « spéculative », donc intellectuelle et philosophique, opposée à la maçonnerie dite « opérative », celle des ouvriers qui travaillent de leurs mains sur des chantiers. On fait remonter ces traditions de bâtisseurs à la construction des cathédrales, on sait qu’un « franc » maçon était un ouvrier qualifié et libre, c’est-à-dire non inféodé à un seigneur ou un évêque. Ensuite, la franc-maçonnerie, dans son vocabulaire et ses rituels se référera à la construction du temple de Jérusalem, le roi Salomon et son Maître Architecte y étant à l’honneur. D’autres traditions maçonniques font revivre les mythes de l’Égypte ancienne (cf. Mozart dans la Flûte enchantée !).
Les principaux symboles que l’on trouve dans le lieu de réunion maçonnique sont alors des outils de bâtisseurs. Ce lieu appelé « Temple » est compris comme un espace hors du temps et sacralisé par le rituel. Le Temple maçonnique a lui-même des dimensions symboliques symboliques, puisque, quelle que soit sa surface en mètres carrés au sol, il englobe l’univers. Les quatre points cardinaux en font les dimensions, la Lumière venant de l’Orient. Le plafond est décoré d’un ciel étoilé représentant l’absolue liberté de pensée et la quête infinie de la vérité : aucun dogme ne saurait les limiter. Si le Temple est un espace clos, rien ne peut arrêter l’aspiration humaine à s’élever intellectuellement et spirituellement. L’ambition du franc-maçon est, en se construisant lui-même, de bâtir une humanité meilleure – un temple de l’humanité fraternelle et solidaire.
Dans ce temple sont alors disposés des outils. Les plus connus sont bien sûr l’équerre et le compas, mais il y a aussi le fil à plomb, le niveau, les pierres brutes et polies. Le fil à plomb, suspendu au centre du temple, en indiquant la verticalité, représente l’introspection. C’est le premier apprentissage du franc-maçon « Connais-toi toi-même ». Plus tard, le niveau sera son outil pour découvrir l’horizontalité, à savoir les relations aux autres membres de sa Loge, et en particulier la mise en pratique de la fraternité et de la solidarité. L’équerre représente la rectitude ; le compas, la pensée, la mesure, la capacité à concevoir et à élever ; la pierre polie, l’individu qui peut s’insérer dans un ensemble harmonieux – le temple d’une humanité belle et fraternellement unie.
Ainsi, chaque outil est un symbole qui renvoie à un concept moral, psychique ou philosophique. C’est le propre du symbole de mettre en relation l’objet et la pensée, le signe et son interprétation, toujours subjective et pourtant multiple.
La symbolique en franc-maçonnerie n’est pas un but en elle-même, mais bien une méthode de travail pour l’amélioration de soi, et au-delà de l’individu, du groupe fraternellement constitué comme laboratoire et ferment d’une société solidaire. Elle est le langage commun du groupe, qui résonne à l’unisson en travaillant les concepts générés par ces outils symboliques. Par exemple, si l’équerre représente la rectitude, l’angle droit d’une pierre taillée, qu’est-ce que la rectitude morale ? Et au-delà, la rectitude n’est-elle pas la base de relations humaines honnêtes ? Puis d’une quête de justice et de solidarité pour toutes et tous ?
Les interprétations sont alors infinies, reflétant dans un échange respectueux la diversité des membres d’une Loge partageant leur point de vue singulier. Le bâtisseur peut travailler seul sa pierre, mais il construit avec d’autres le temple de l’humanité, ajoutant sa pierre à celle de ses sœurs et frères francs-maçons.
Enfin, le symbole le plus important du travail du parcours initiatique du franc-maçon est la Lumière. Si l’on en reste au travail des maçons opératifs, c’est bien sûr la lumière du jour qui permet d’accomplir un beau travail, une pierre bien taillée que le soleil lui-même caressera de ses reflets. Pour le franc-maçon dans son Temple, la Lumière représente la Connaissance, le savoir-faire et le savoir-être, la quête incessante de la Vérité et le refus du mensonge. Impétrant aux yeux bandés, le néophyte découvre lors de son initiation, quand tombe son bandeau, la clarté lumineuse du chemin qui l’attend. Ce sera un chemin singulier et collectif qui ira toujours de l’obscurité à la lumière, dans la découverte des symboles anciens comme outils de construction d’une humanité solidaire en quête de sagesse et de beauté.
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Remarquable article sur le symbolisme et la Franc maçonnerie.
j’ajouterai qu’a force de travailler sur le symbolisme, notre pensée elle même est transformée en outil d’interprétation dans la vie de tous les jours, vis à vis de ses proches et des ses relations. Mais aussi dans la vie associative, politique et religieuse. Toute les idées deviennent symboles, c’est à dire soumises à notre interprétation, avant que nous les considérions comme vraies. Ainsi son esprit critique fait difficilement adhérer un Franc maçon à un parti politique et même à une religion car ils sont tous les deux bâtis sur des dogmes fondateurs impénétrables à l’interprétation. Quoiqu’il en dise chacun de nous est enfermé dans ses dogmes: Pour moi chrétien le dogme fondateur est la grâce reçue de jésus crucifié, mort dans d’horribles souffrances, pour faire passer un message d’amour et de pardon, il est éternellement vivant.