Évangile & liberté est né il y a 110
ans. Plus d’un siècle au service d’une pensée libre, ne s’enfermant dans
aucun dogmatisme autoritaire, prenant parfois les chemins d’une théologie buissonnière
qui ouvre à chaque instant un sentier de découverte.
Plus d’un siècle de critique positive dans le but de faire avancer les esprits. Critiquer
le texte biblique pour en retrouver le sens, critiquer les traditions pour découvrir leurs
forces et leurs faiblesses, critiquer les institutions pour leur permettre de se réformer
sans cesse.
Plus d’un siècle au service des croyants, sans distinction, ancré dans un protestantisme
ouvert en quête d’un idéal du bon, du beau et du vrai.
Plus d’un siècle de militantisme, de luttes, de recherches, d’interrogations, de réflexions
pour faire toujours résonner ensemble l’Évangile et la liberté.
Mais il n’y aura pas un siècle de plus.
Évangile & liberté est trop vieux pour mourir et pourtant aujourd’hui, il meurt. On
ne peut pas dire pour autant que, comme pour Job, « il meurt rassasié de jours ».
110 ans c’est encore jeune pour un protestantisme libéral qui a encore beaucoup à
apporter à ce monde en quête de sens et de spiritualité mais qui est trop souvent effrayé
ou aveuglé par les religiosités ou les fondamentalismes trop visibles et trop bruyants.
Au nom de toutes celles et tous ceux qui se sont engagés durant plus d’un siècle, nous
voulons remercier chacune et chacun des auteurs, des abonnés, des lecteurs occasionnels
ou réguliers, des déçus et des enthousiastes, pour avoir fait vivre notre journal.
Il y a 110 ans, les journaux Le protestant libéral et La vie nouvelle fusionnaient
pour donner naissance à Évangile & liberté.
Aujourd’hui nous lui disons au revoir. Mais le protestantisme libéral ne meurt pas
et nous savons qu’il y aura une vie nouvelle pour nos engagements au service de cette
théologie en laquelle nous croyons.
Tel un « vendredi saint », aujourd’hui le ciel de notre mouvement s’obscurcit. Il nous
faudra encore traverser le « samedi saint » du vide et de l’absence, mais déjà est en
germination le relèvement d’un protestantisme libéral et progressiste
LA CONFESSION DE FOI. Aborder la thématique de la confession de foi, ce que
propose ce numéro d’Évangile et liberté, fait entrer dans un vaste champ de
questions, de tensions, de conflits, de choix. En la matière, l’esprit de la Réforme
engage dans une fidélité inventive où la condensation théologique rencontre la
sublimation poétique, où les héritages des prédécesseurs dans la foi croisent la
nécessité d’une distinction, où la cristallisation des accords et des désaccords
est traversée d’une dynamique de rassemblement en communion. Lorsqu’elle
est à destination d’une assemblée cultuelle ou d’une Église, la confession de foi
invite à y accueillir la place d’autrui dans une heureuse pluralité et lorsqu’elle
est le fruit d’une élaboration personnelle, elle s’inscrit toujours en reconnaissance
de ce qui a été reçu d’autres chercheurs de Dieu et de sens. Et surtout,
avant toute énonciation, écoute, adhésion, il s’agit de poser que Dieu n’est pas
là, qu’il est toujours au-delà de ce qui est exprimé. Autant une confession de foi
est le fruit d’une foi vivante, d’une pensée dynamique, d’une raison exigeante,
autant elle assume dans sa conception que toute réflexion, toute représentation,
toute conviction peuvent être dépassées. Elle ne peut tout dire ni même parfaitement
exprimer ce qu’elle vise. Insérée dans un temps particulier, elle s’élance de
l’appui des quêtes du passé sans obliger l’avenir. Ainsi une confession de foi est
toujours un peu en décalage, elle est toujours ouverte, et c’est de cette manière
qu’elle laisse l’espace de la liberté, liberté de croire à travers et au-delà d’elle-même.
C’est en cela qu’elle autorise chacun et chacune à prendre à son tour la
parole, en confessant une foi qui donne confiance et qui encourage, une foi reflet
d’Évangile.
Dominique Hernandez
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J’ai reçu hier le dernier numéro… et je suis atterrée… comment est-ce possible ??? N’y a-t-il donc rien à faire pour que tout ne s’arrête pas ainsi ? Si ce n’est qu’une affaire de gros sous, ne peut-on pas tous se mobiliser, se cotiser, et pouvoir rebondir ?
Toutes mes amitiés
Blandine
Maurice,
Je ne peux que partager les réflexions de Blandine. Internet saura peut-être apporter un semblant de solution ?
Merci de tout ce qui a déjà été donné !
Très cordialement.
Maurice
Scandalisé par cette histoire…
Chers amis d’Evangile et liberté, comme bien d’autres et quoiqu’inconnu de la plupart d’entre vous, je suis triste de cette nouvelle pour la revue et les journées d’échanges… en tout cas merci à tous ceux qui ont tant oeuvré depuis longtemps, mais quelque chose d’autre semble en route… très amicalement, DR
Quelle tristesse. Surtout lorsque l’on comprend les raisons de cet arrêt, qui n’avait rien d’inéluctable. Vous m’avez accompagné durant toutes ces années et sans vous, mon protestantisme n’aurait pas eu le même goût, la même intelligence, ni la même joie. En espérant qu’une solution de poursuite, même en numérique, sera envisageable. Nous sommes beaucoup à déjà vous regretter.
Stéphane Bataillon.