Cool

 

La recherche du « cool » ou du « sympa » dans les Églises est dans l’air du temps. On met des canapés dans des lieux de culte qui ne ressemblent plus vraiment à des temples tels qu’on les imagine mais à des salons. On met à bas l’ordre d’un culte (la liturgie) parce que les prières, ça fait vieux. On accompagne les chants des fidèles à la guitare en délaissant l’orgue, qui appartiendrait au passé. Des cantiques sont abandonnés : on ne va quand même pas chanter les psaumes de Clément Marot en 2021, quelle vieillerie ! Et la prédication est allégée, si elle dure plus de 10 minutes on risque d’ennuyer les paroissiens, non ? Et puis la robe pastorale, à quoi ça sert ?

Il y a une confusion, me semble-t-il, entre la volonté de faire connaître la foi chrétienne à des personnes ancrées dans leur siècle et le souhait de lui donner des atours « cool ». Ce n’est pas censé être cool ou sympa, d’aller au culte. C’est censé vous permettre d’entendre de manière saisissante une parole qui met en mots ce qu’est la vie humaine. Que vous soyez arrivé au culte le coeur lourd, la rage au ventre, ou des papillons plein la tête, la parole que vous y entendez devrait être capable de donner toute sa dimension et son sens à votre peine, votre colère ou votre joie. L’Église, le culte, doivent nous prendre au sérieux. La vie humaine n’est pas faite d’inconséquence, elle est faite de jours qui ont soif d’être vécus et interprétés de manière à vivre la vie en abondance. Rien de cela n’est cool ou sympa.

Certes, il serait idiot de s’accrocher à des traditions qui permettraient au culte d’avoir de la tenue mais qui n’auraient pas de sens. Ce qui doit être recherché, ce n’est pas la tradition pour la tradition (par exemple, l’heure à laquelle le culte commence) mais ce qui est susceptible de communiquer un sentiment de saisissement, vécu lorsque votre vie prend une dimension démesurée. Le contraire de « cool » ou « sympa » n’est pas triste ou austère, c’est « grave ». Même la joie est grave.

 

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À propos Abigaïl Bassac

est titulaire d’un master de l’École Pratique des Hautes Études (section des sciences religieuses) et étudiante en master de théologie à Genève. Elle est assistante des enseignants à l’Institut Protestant de Théologie et directrice de la rédaction d’Évangile et liberté.

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