Des médias libres et responsables

Lorsqu’on pense au lien entre religions et médias, en France et probablement plus largement en Europe, il est difficile de ne pas penser très rapidement aux caricatures de Mahomet publiées par le Jyllands-Posten en 2005, dont certaines ont été republiées par Charlie Hebdo. Et comment ne pas penser aux attentats de janvier 2015 et au récent assasinat du professeur Samuel Paty ? Il est difficile d’envisager plus absurde que des vies humaines arrachées par les balles de croyants voulant venger un prophète de quelques traits de crayon. Le blasphème tel qu’il est compris globalement par la société, c’est-à-dire le fait de se moquer d’une religion, d’un texte dit « sacré », d’un personnage historique (ou non) qui lui est associé ou de les critiquer ne me choque pas. J’ai la conviction que Dieu n’est pas offensé par des caricatures. Il serait bien faible, le Dieu vivant, s’il ne supportait pas qu’on se moque de lui (dans l’hypothèse où quelqu’un pourrait effectivement viser juste en parlant de lui). Le texte de Jean-Paul Guetny nous aidera à penser les liens, les points communs, les tensions entre religions et médias. Si la censure que certains croyants voudraient imposer aux médias est un sujet actuel et particulièrement grave, il ne se limitera pas à cette question. Mais j’y reviens : le fait que des journaux publient des caricatures n’est pas un problème, au contraire : c’est le signe que les médias permettent la mise en œuvre de la liberté d’expression. Et cela doit valoir pour tous les sujets. Or, malheureusement, certains sujets, même à première vue totalement déconnectés du champ religieux, deviennent tellement passionnels que les journalistes qui font entendre des voix qui ne correspondent pas à la doxa du moment peuvent subir des campagnes de dénigrement (je pense par exemple à celle subie l’année dernière par Emmanuelle Ducros, journaliste à L’Opinion). Il n’y a pas qu’en matière de religion qu’on trouve des doctrinaires attachés à leurs croyances. Quels sujets sont, pour nous, intouchables ? Quelles opinions nous irritent ? Il vaut la peine de nous poser la question.

Qu’attendre, exactement, des médias, en tant que citoyens ? Un travail critique sur les sources, de la rigueur dans la présentation des faits, assurément, une bonne connaissance des sujets abordés. Existe-t-il un protestant qui n’ait pas été un peu lassé en lisant le terme « évangélistes » à la place d’« évangéliques » ? Admettons tout de même que pour s’y retrouver dans le protestantisme, ce n’est pas une mince affaire. Il me semble que l’on peut attendre des médias, aussi, de mesurer la responsabilité qu’ils ont au sein d’une société. Avoir un moyen de communication à sa portée, être en mesure d’atteindre des milliers de personnes, voire des millions pour certains médias, devrait rendre ceux qui écrivent, parlent et dirigent humbles et responsables. La liberté de la presse et la liberté d’expression dont des biens précieux pour nous tous.

À lire l’article de Jean-Paul Guetny  » Religions et médias : entre fascination et répulsion « 

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