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73 ans de combat pour la liberté religieuse

 

Aujourd’hui comme hier, l’urgence d’un engagement pour la liberté religieuse est évidente face aux extrémismes religieux, aux idéologies athées et aux populismes inquiétants, mais aussi face aux réductions de l’humain à l’animal ou à la machine. C’est la raison d’être de la International Religious Liberty Association (IRLA) et de l’Association internationale pour la défense de la liberté religieuse (l’AIDLR). L’AIDLR dispose d’un statut consultatif auprès des Nations-Unies, du Parlement et du Conseil européens et de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe. Parmi ses présidents d’honneur figurent Eleanor Roosevelt, Albert Schweitzer, René Cassin ou Léopold Sédar Senghor, et sa présidente actuelle est Mme Mary Robinson. L’AIDLR agit surtout en organisant avec l’IRLA des congrès internationaux regroupant des personnalités politiques, universitaires, juridiques. Il y en a eu 20 depuis 1977. Elle dispose d’un permanent dans les différentes instances internationales précitées, qui intervient en particulier lorsque des atteintes à la liberté religieuse sont constatées (par exemple la persécution religieuse en Irak et en Syrie). Elle édite en six langues la revue Conscience et liberté et l’envoie, pour la France, aux députés, sénateurs, personnalités religieuses et universitaires.

Lorsque se manifeste une atteinte au droit, l’IRLA et l’AIDLR cherchent à privilégier la négociation avec les États, les institutions ou les groupes attentatoires à la liberté. Bien sûr, elles accompagnent spirituellement la ou les personnes persécutées mais parfois elles apportent aussi des aides financières ou judiciaires. Ainsi par exemple, l’AIDLR, associée au Consistoire central des Israélites de France et à une autre association juive, a saisi en 1995 le Conseil d’État pour présenter le cas de conscience que les élèves juifs et adventistes rencontraient concernant le jour de culte, dans un pays « catho-laïque », selon l’expression d’Émile Poulat. Deux autres situations, une au Luxembourg et l’autre dans un pays scandinave sont remontées jusqu’à la Cour Européenne des droits de l’homme.

Pourquoi cet intérêt pour les droits humains et tout particulièrement pour la liberté religieuse ? Les adventistes partagent la conviction éminemment « protestante » de l’absence de médiateur autre que Jésus-Christ entre Dieu et la conscience humaine. Cette liberté de la conscience, même si elle est corrompue par le péché et nécessite elle aussi la rédemption, est fondamentale. C’est par adhésion que la libération en Jésus-Christ est reçue et acceptée. Cette adhésion peut être ou ne pas être. Ensuite, parce que les adventistes ont une conception particulière de la nature humaine : l’être humain, crée par Dieu à son image, est une « unicité ». Tout être humain, semblable à ses autres frères humains, est pourtant unique. Tout être humain est dans une totalité indissociable, entre le présent qui nécessite un engagement humain et fraternel et le futur vers lequel notre foi se tend, dans une eschatologie de l’espérance qui se nourrit de ce que Dieu a fait, fait et fera. Dans cette conception, le droit à la liberté religieuse n’est pas fondé sur la vérité ou l’erreur, mais dans la dignité humaine. Enfin, parce que la liberté religieuse est au centre même de ce que nous avons de plus intime. Cette liberté religieuse est indivisible et nécessite d’autres libertés : libertés de pensée, de conscience, d’expression, d’enseignement, de publication, de culte bien sûr, de réunion, de posséder et de gérer les lieux de culte. Ces libertés sont mieux protégées dans un cadre politique de séparation des religions et de l’État. Elles peuvent s’exercer autant seul que collectivement, en privé comme en public.

Une vigilance particulière doit être exercée, en France comme ailleurs, alors que d’aucuns souhaitent circonscrire l’expression religieuse à la sphère strictement privée. Les êtres humains « naissent » libres. Les droits et libertés préexistent au droit positif. Les États n’ont pas à les créer mais à les reconnaître. Pour le croyant que je suis, ces droits naturels trouvent leur fondement en Dieu.

 

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À propos Jacques Trujillo

est pasteur de l’Église adventiste du septième jour, ancien président de l’Union des fédérations adventistes, France, Belgique et Luxembourg et ancien président de la Fédération France Sud des Églises adventistes.

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