Les chrétiens voient-ils vraiment ce qu’ils voient : le corps sanglant du crucifié cloué sur une croix, terrifiant de douleur ? Les chrétiens adoreraient-ils un cadavre ? Le Christ ne serait-il pas ressuscité ? Le Christ de Vézelay, triomphant, au cœur de la résurrection des morts n’est-il pas plus évocateur de notre foi chrétienne ? Quel sens de dresser cela devant les hommes comme la figure de la vie que Dieu nous offre ? Ne sommes-nous pas les fils de Pâques ?
Je crois que cette image est comme la projection, en notre monde, de la tristesse et de la haine de la vie qui parfois nous accablent, mais n’est-elle pas aussi celle qui réconcilie les hommes avec Dieu en unissant le fini à l’infini ? Non, nous n’adorons pas un cadavre, mais parfois, devant la mort ou la souffrance de nos amis, une seule image est supportable : celle de Jésus crucifié.
Il arrive que les hommes aiment leur malheur et s’identifient à cette image. C’est alors ce que la mort de Jésus a comporté de souffrance qui devient l’essentiel ; c’est même, hélas, cette souffrance qui confère son efficacité à l’expiation de Jésus dont l’homme serait, à la fois, le coupable et le bénéficiaire. S’identifier à cette image, quel sombre salut ! Et surtout, quel ressentiment !
Certes, on peut comprendre que nos ancêtres du Moyen Âge qui, accablés par la peste ou le « mal des ardents », puissent trouver réconfort dans la figure du Christ souffrant. Toutefois il convient que l’Église offre aux regards l’Icône du Christ céleste, où le passage de l’abîme du mal et de la la mort est devenu, auprès de Dieu, l’élévation de son Fils et, en lui, de tous ses frères humains ressuscités. Alors, nous ne sommes pas épargnés par la douleur, mais nous sommes arrachés à la détresse.
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