Le mot protestant a désigné au XVIe siècle les luthériens. En effet à la diète (assemblée politique) impériale de Spire en 1529, des princes et des villes acquis à la Réforme « protestent » contre la décision de Charles Quint d’interdire les idées de Luther. C’est à partir du XVIII e siècle que le terme concernera tous les héritiers de la Réforme, luthérienne ou non.
Le mot protestant fait donc entendre quelque chose de négatif : on proteste contre. D’autre part, le protestantisme a connu une réforme continue ; le protestantisme actuel n’est pas identique à celui des origines. Luther et Calvin, pour ne citer qu’eux, ont certes été des Réformateurs, mais ils ne furent pas exactement protestants au sens généralement donné à ce mot aujourd’hui. Le siècle des Lumières, principalement, a marqué en profondeur un protestantisme bien différent sur certains points (exégèse historico-critique, libre examen et recours à la raison, libre arbitre, etc.) de celui du XVIe siècle. Certains (surtout des libéraux) verront dans ces évolutions une donnée positive et bienvenue, d’autres (surtout des orthodoxes) regretteront ces développements et ces changements. Mais le protestantisme actuel n’était-il pas en germe dans son état initial ?
En tout cas, la part de protestation reste une constante du protestantisme et, précisément, de sa « foi insoumise » (Raphaël Picon). Cela dit, on peut montrer que le protestantisme est une fidélité positive à des principes fondamentaux qui dépassent la seule opposition négative au catholicisme romain. L’attitude protestante est en effet présente dans toute la Bible et dans toute l’histoire du christianisme. On peut ainsi définir le protestantisme sans que ce soit nécessairement par rapport au catholicisme. C’est ce qu’a fait magistralement A.-N. Bertrand en 1946 dans son Protestantisme *.
* Réédité en 1985 avec une préface du pasteur Philippe Vassaux, Paris-Genève, La Librairie protestante-Labor et Fides.
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