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Travailler au bien commun

Je laisserai aux historiens le soin de retracer, de rappeler le cheminement de la communauté protestante dans ces vallées cévenoles et particulièrement ici dans ce village des Plantiers.
Mon propos sera plutôt tourné vers des lendemains de travail collaboratif.
Aujourd’hui vous installez deux pasteurs sur nos territoires ; j’émets le souhait que cette installation soit bien sur une ligne de départ et non pas sur une ligne d’arrivée et ceci en vue d’une présence itinérante et active.
Votre communauté et la théologie réformée que vous souhaitez refléter quotidiennement au travers de chacune de vos paroles et chacun de vos comportements, nous, élus, souhaitons qu’elle s’inscrive comme pour d’autres communautés ou associations religieuses ou laïques dans une collaboration contributive étroite et citoyenne.
Le Maire et son conseil municipal sont des acteurs opérationnels du quotidien ; les administrés, pour une durée limitée, nous ont confié la gestion du bien commun.
Nous nous y attachons, tout en apprenant. Ainsi nous déclinons parfois avec des lacunes, le « comment faire ». Faire bien et Faire mieux, cela fait partie de la sémantique liturgique de l’élu.
Mais si nous savons décliner le « comment » au nom souvent de la dite « urgence », nous omettons régulièrement la question du « pourquoi ». Où allons-nous et pourquoi y allons-nous ?
Brièvement et caricaturalement résumé nous pouvons oublier la question du « sens » de notre action et de nos engagements.
Parce que nous sommes sous la pression parfois agressive des pragmatiques de tout poil.
Rendre visible notre action, argumentée avec des euros trébuchants et sonnants de la subvention, peut devenir obsessionnellement pathologique Aujourd’hui, je m’adresse à vous membres de l’Église protestante unie, comme je pourrai le faire avec tant d’autres ; je m’adresse à vous théologiens, pasteurs, conseillers presbytéraux, pour vous dire combien les collectivités territoriales ont besoin de vous. Votre rôle, pour ne pas dire votre mission au cœur d’un village, est double. Vous avez une mission d’interpellation et une mission de contribution. Votre foi se doit d’être républicaine. Vos actes se doivent d’être citoyens. Rendez nos lois légitimes.
Comme vous le savez quand on veut faire « pour » il est préférable de faire « avec » sous peine de finir par faire « contre ».
Loin de tout prosélytisme naïf et ridicule, loin des communautarismes insupportables et inacceptables, n’ayez pas peur de placarder vos thèses sur les murs des certitudes. Votre pensée doit nous élever vers le questionnement du « sens » de nos décisions. Pourquoi faites-vous ou dites-vous ceci ou cela ? Dites-nous les dérives de nos décisions qui pourraient déshumaniser notre gestion. Dites-nous où se situe la pertinence, rappelez-nous les valeurs essentielles. Rappelez-nous notre devoir de dignité.
Devenez un miroir, un vis-à-vis, n’ayez pas peur de résister, vous êtes « la collectivité ». Aidez-nous à nous souvenir que notre développement économique se doit d’être social et solidaire.
Bien plus qu’une seule pensée intellectuelle, bien plus qu’une activité cultuelle mensuelle, nous attendons et avons besoin de comportements proactifs et contributifs.
Aidez-nous à freiner le journalisme macabre, les « faits divertiers » médiocres et sans pensée.
Aidez-nous à devenir les artisans du droit, de l’équité et de la justice. Rappelez-nous notre devoir de laïcité pour que votre foi et votre pratique religieuse puissent se vivre sereinement. Les besoins du quotidien sont nombreux, le travail social de proximité ne manque pas, la culture pour tous est en attente d’une offre diversifiée et participative à l’existant. Innovons et inventons des lendemains de bienveillance.
On ne perd pas son âme en travaillant au bien commun ; il est je pense inutile de rappeler ce propos d’un pasteur contemporain : « aujourd’hui il ne suffit plus d’être croyant mais il faut être crédible ».
L’altérité légitime la spiritualité.
C’est une conviction ; toute offre de cet ordre peut éviter une foi désincarnée et marginalisée. Le temps de la dépendance et celui de l’indépendance devraient être définitivement clos pour laisser la place à l’interdépendance solidaire.
Si je vous dis qu’il faut mettre la main à la charrue et ne pas regarder en arrière, vous savez que j’entre ici sur vos terres, celles que vous souhaitez labourer pour le bien-être de tous.
Je connais la souffrance de votre église, sa faiblesse numérique croissante, sa démographie vieillissante, son absence pastorale aujourd’hui comblée, mais votre communauté, quand elle n’attend pas sur le pas de la porte de ses temples et quand elle s’exécute dans le « aller vers » doit pouvoir retrouver la vitalité qui n’aurait jamais dû la quitter.
Notre collectivité plantiéroise et plus largement celles de ce territoire connaissent des temps de souffrance et de drames mais nous avons aussi nos temps de réjouissances et de projets et pour cela vous êtes, comme tant d’autres, des acteurs bienvenus.
Au nom du conseil municipal et des administrés des Plantiers, amis en humanité, soyez remerciés d’être venus ce jour nous rencontrer.
Nous vous faisons la promesse d’une collaboration écoutante et productive pour un futur plein d’avenir.
Merci et belle route !

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À propos Bernard Mounier

est maire de la commune des Plantiers dans les Cévennes.

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