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Contre l’iconoclasme mémoriel

 

La mode semble être à la descente de piédestal. Comme si d’aucuns voulaient que les statues de ces figures passées viennent rejoindre leurs modèles à l’état de poussière. La mémoire est mortelle. Elle peut s’effacer d’elle-même faute d’oxygène comme elle peut aussi être tuée délibérément.

Ce n’est pas là un acte à accomplir légèrement. La construction mémorielle d’un peuple ne doit pas se faire au prisme des passions de l’instant qui – trop instables – ne peuvent que mener à une permanente et déroutante instabilité identitaire.

Que le présent se drape dans la certitude de sa propre perfection morale pour jeter l’opprobre sur un passé mécaniquement inférieur à lui est un péril qu’il ne faut pas sous-estimer. Comme nous le disait le maréchal Foch, repris par Césaire : « un peuple sans mémoire est un peuple sans avenir. » Il ne s’agit pas de tomber dans un relativisme brouillon expliquant que les fautes de nos prédécesseurs ne sont pas graves puisqu’ils ne pouvaient agir autrement. Il y a toujours d’autres chemins.

Mais la France ne doit pas être accablée d’une inconsciente culpabilité historique. Ayons bien conscience des conséquences possibles de cette Inquisition mémorielle qui – par principe – ne peut qu’être absolue puisqu’elle veut être irréprochable.

Faut-il ainsi abattre les statues de Louis XIV, le promoteur des dragonnades et le signataire de la Révocation de l’Édit de Nantes ? Faut-il transformer Versailles en musée protestant ? Les souffrances de nos coreligionnaires du XVIIe siècle ne le justifieraient-elles pas ? Mais alors comment célébrer la construction moderne de l’État, cette dimension si essentielle de notre conscience collective ?

Abattre les statues pour toute entreprise mémorielle, c’est jeter le bébé avec l’eau du bain. La pasteurisation de notre passé ne peut qu’asphyxier notre mémoire et – à terme – nous faire fallacieusement croire que la France n’a d’héritage qu’une litanie de crimes et de fautes.

Ce pays n’est bien évidemment pas l’œuvre d’une litanie de saints. Il n’est pas non plus l’œuvre d’une clique de criminels.

 

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À propos Maxime Michelet

est étudiant, diplômé d’un master d’Histoire contemporaine à la Sorbonne ; issu d’une famille de tradition athée, il a rejoint le protestantisme libéral à l’âge adulte à travers le temple de l’Oratoire du Louvre de Paris.

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