Clergé

Il faut bien l’admettre, qu’il s’agisse du clergé ou du cléricalisme, ni l’un ni l’autre ne jouissent d’une réputation très honorable. Dans les deux cas, on imagine une caste d’ecclésiastiques confisquant le pouvoir, s’arrogeant l’exclusivité de l’interprétation “authentique” de la Bible, leur permettant d’exiger en retour la soumission et l’obéissance.

Pourtant, c’est oublier un peu vite que les premières communautés chrétiennes s’organisaient non pas avec des rôles cléricaux et définitifs, mais avec des fonctions temporaires et relatives. Alors comment comprendre que les fidèles aient confié à quelques-uns les clés du Royaume ? En s’intéressant à l’imaginaire des croyants juifs de l’époque, on s’aperçoit que certains avaient tendance à expliquer l’intelligence par des esprits divins. La Bible elle-même en témoigne lorsqu’un pharisien prend la défense de Paul : « Et si un esprit ou un ange lui avait parlé ? » (Ac 23, 9). On comprend mieux comment le peuple, croyant voir des « prophètes », s’est laissé confisquer la charge d’étudier et d’interpréter. Là commence le cléricalisme, ce monopole d’interprétation par lequel des hommes se prennent pour Dieu, en prétendant porter une parole « définitive ».

Au XVIe siècle, la Réforme a voulu redonner toute sa place aux laïcs, dont le sacerdoce universel fondé sur la Bible (1P 2,5) signifie que chaque baptisé a reçu la totalité du sacerdoce et qu’aucun intermédiaire humain ne saurait s’interposer entre Dieu et sa création. Les fidèles sont incités à se former en théologie, y compris les jeunes filles, comme le propose Luther dès 1524. Tous théologiens, disait le titre d’un livre de Raphaël Picon. Oui, il est urgent de refuser le cléricalisme d’où qu’il vienne, car la vitalité de l’Église dépend du degré de responsabilité de ses membres.

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