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L’emballement permanent des certitudes

 

Ainsi que je l’avais affirmé dans le billet d’un précédent numéro, notre siècle est celui de l’opinion permanente. Au milieu d’un brouhaha informe que d’aucuns nous vendent comme de l’information, nos consciences individuelles sont ardemment invitées à se faire une opinion en toute chose, peu importe le faible degré d’informations possédées. Malheur à ceux qui se reconnaîtraient sans opinion car ils appartiennent au royaume des tièdes et des faibles. Quant à ceux qui essaieraient de construire une opinion où leurs doutes subsistent, ils subiront un sort semblable car n’étant d’aucun parti ils récolteront l’opprobre de tous.

Notre siècle a aboli le temps au profit de l’emballement. La discussion et la réflexion sont par nature des pratiques chronophages que nous ne semblons plus vouloir nous donner le luxe de pratiquer. Cette folie de l’opinion empressée mène aux jugements les plus arbitraires et les plus rapides et l’impulsivité devient la règle d’une société où les points d’exclamation fleurissent autant que dépérissent les points d’interrogation. Sur les réseaux sociaux, ces vastes halls où les travers de notre siècle se démultiplient en échos assourdissants, cet emballement permanent produit un partitionnement général où chacun étant assigné à un camp de par ses opinions doit subir les foudres sans cesse renouvelées des camps adverses. Et aucune outrance n’est interdite. Des anathèmes que même les plus impolis n’oseraient pas prononcer à haute voix se trouvent usités par tous sans l’ombre d’une rougeur. L’humain disparaît sous l’amoncellement des opinions et des rixes pseudo-intellectuelles et pseudopolitiques. Se refusant à un siècle de paix, d’aucuns – confortablement arrimés à leurs iPhones – s’autorisent une violence de guerre civile sans en risquer les déboires.

Au milieu de ces tourbillons, l’Église doit savoir montrer un autre chemin et une autre méthode. Car le temps de l’Église n’est jamais celui du siècle : elle a le privilège du temps et de la réflexion, ainsi qu’un message – celui du Christ – qui vaccine contre les palinodies de guerres civiles. Et qui mieux que l’Église pour réhabiliter la nécessité indispensable du doute ? Retrouvons l’humilité fraternelle de nos doutes pour mieux conjurer le poison des factions bardées de vaines certitudes.

 

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À propos Maxime Michelet

est étudiant, diplômé d’un master d’Histoire contemporaine à la Sorbonne ; issu d’une famille de tradition athée, il a rejoint le protestantisme libéral à l’âge adulte à travers le temple de l’Oratoire du Louvre de Paris.

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