«Veux voir qu’une tête ! », aboyait l’adjudant en alignant ses soldats, lesquels étaient priés, du reste, de ne pas avoir de tête du tout pour penser. Est-ce ainsi qu’il faut comprendre « l’obéissance de la foi » (Romains 1,5) ?
Le mot a pourtant une belle histoire : obéir dérive d’obaudire : audire, écouter, précédé du préfixe ob, contre. Cf. objet, objection, objectif : toutes réalités qui nous résistent, mais sur lesquelles on peut prendre appui pour construire son action ou sa pensée. Ob-éir (ob-ouïr) à la Parole de Dieu, c’est donc non seulement y prêter attention, mais se fonder sur elle, en faire la pierre angulaire (Psaume 118,22) de nos vies.
Par exemple, en Matthieu 16,2-3, Jésus reproche à ses interlocuteurs de ne pas savoir repérer les « signes des temps » avant-coureurs du Royaume qui vient. Le comprendre, c’est avoir écouté. Mais obéir à cette parole, c’est faire en sorte qu’elle modifie notre regard et par là même notre action sur le monde.
Cependant, le texte biblique peut devenir parfois la « pierre d’achoppement » (skandalôn) (Isaïe 8,14 ; Romains 9,33) : songeons par exemple aux oukases inhumains du Lévitique. Alors, pour qui n’entend pas faire une lecture fondamentaliste, l’obéissance consiste à faire du discours biblique un repoussoir. Précisément parce que la Parole de Dieu (qui ne s’identifie pas à la littéralité du texte) doit demeurer le point d’appui, voire le tremplin d’une « vie en plénitude » (Jean 10,10.) On le voit : l’obéissance à la Parole de Dieu n’a vraiment rien à voir avec on ne sait quel caporalisme religieux : « En avant, marche, une-deux, une-deux ! Faites ceci, Dieu le veut ! » C’est, tout au contraire, une façon de dynamiser notre liberté et notre « être-au-monde » !
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