Ce livre, très stimulant et attachant, est constitué de près de 70 textes d’environ 3 pages chacun, choisis parmi les chroniques que José Arregi nous offre sur son blog. Ces articles s’échelonnent d’octobre 2010 à juin 2019 ; c’est dire leur actualité. Leur auteur, théologien catholique, est professeur à l’université jésuite de Deusto en Espagne (Bilbao). Ancien moine franciscain, aujourd’hui marié, toujours profondément marqué par le message de Saint François d’Assise, il a quitté son ordre et son ministère après qu’il lui ait été interdit de s’exprimer publiquement. Le principal reproche qui lui était alors fait était de défendre un pluralisme des expressions de la foi. Sa liberté de parole a pour nous quelque chose de proprement enthousiasmant. L’ensemble de cet ouvrage est d’une belle lisibilité et ne nous enferme jamais dans un jargon ou des théories théologiques absconses.
José Arregi critique, dans un esprit de grande ouverture, les doctrines traditionnelles, défend à sa manière un sacerdoce universel, se montre très sévère vis-à-vis de l’institution romaine et de sa hiérarchie. Il le fait de façon amène, sans la moindre et vaine agressivité, désireux d’offrir à ses lecteurs des approches positives et dynamiques. Les sujets les plus divers, d’ordre doctrinal ou sociétal, qui nous interpellent, sont abordés ici. Je mentionne, par exemple, Ni clerc, ni laïc, Dieu existet- il ? Quel Dieu ? Pourquoi Dieu permet-il ces choses ? Amour homosexuel, L’unité des chrétiens : quelle unité ?, Ce en quoi je ne puis croire ?, Église cléricale et abus sexuels. Deux chroniques sont consacrées à Luther, salué comme « prophète » pour une Église qu’Arregi voudrait précisément prophétique. Il y a dans ces pages une orientation qui est celle d’un christianisme social.
La préface signée par Mgr Jacques Gaillot, qui écrit de ces textes qu’ils sont des « bijoux », souligne que nous trouvons dans ce recueil « une invitation à vivre », « une invitation à l’ouverture », « une invitation à dire je », c’est-à-dire à la responsabilité personnelle. En lisant ce livre très remarquable, on découvre, une fois de plus, que le libéralisme rayonne dans toutes les confessions chrétiennes, tout comme, d’ailleurs, pourrait-on ajouter, dans toutes les religions.
José Arregi, Éclats d’humanité. Journal d’un chrétien en liberté, Paris, Temps Présent, 2019, 256 pages.
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