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Jésus ne s’intéresse pas aux Justes Matthieu 9,9-13

Quel délicieux festin est raconté par les trois évangiles synoptiques. Nous y trouvons là, rassemblée, une grande partie des groupes qui s’entrecroisent tout au long des évangiles. Autour de Jésus, il y a évidemment ses disciples ; et puis beaucoup de collecteurs d’impôts, les amis de Matthieu, puisque lui-même était collecteur d’impôts. Ils sont toujours pris pour des personnes haïssables. D’abord parce qu’ils collaborent avec la puissance romaine occupante. Ce sont des collabos. Et ensuite parce qu’ils gardent pour eux-mêmes une partie des taxes collectées, comme rémunération de leur travail. Mais ce sont eux qui en fixent le montant. Et les autres considèrent évidemment que c’est toujours trop.

Nous avons ensuite à ce repas des pécheurs. Ils n’ont pas plus péché que les autres, mais ils ne sont pas juifs, ou à la marge du judaïsme, pas spécialement pieux et ne suivant pas bien, ou pas du tout, la loi juive. La scène se passe en Galilée, et dans ce pays, il n’y avait pas que des juifs, mais encore beaucoup de païens, venus de plus loin. Et tout ce qui n’était pas juif, ou pas assez juif en ne suivant pas bien la loi, c’était des pécheurs, à mettre dans le même sac que les collecteurs d’impôts.

Et puis les inévitables Pharisiens qui harcèlent Jésus tout au long des évangiles et qui, eux, suivent bien la loi et reprochent à Jésus de manger chez un collecteur d’impôt avec des pécheurs. Ils ne s’étaient donc pas invités au festin, Dieu les en garderait bien, mais regardaient simplement tous ces convives de loin.

Pour ces repas populaires, on ne savait pas très bien qui allait venir. Les portes étaient ouvertes, et venait qui voulait. Ceci explique que beaucoup s’invitaient d’eux mêmes, et ici nous avons même des étrangers, des pécheurs, attirés par la réputation de Jésus.

Comme aujourd’hui, les repas, petits ou grands, étaient le moment du partage entre les amis. Partage du pain pour vivre, mais aussi de la parole, des amitiés, des solidarités, des soutiens aux uns et aux autres. C’est le partage qui crée la communauté. Rassemblement préfigurant d’une certaine façon le Royaume de Dieu représenté souvent par un grand festin. Comme dit Luc « Heureux celui qui prendra son repas dans le Royaume de Dieu ». Bonne raison, disent les Pharisiens, pour ne pas manger avec les pécheurs qui ne seront sûrement pas invités dans le Royaume, ces étrangers qui viennent d’on ne sait où et qui surtout ne vivent pas comme nos pères nous l’ont enseigné. Que viennent-ils faire chez nous ? Qui les a invités ? La solidarité entre nous, d’accord. Mais il faut savoir où l’arrêter.

Jésus inverse complètement les arguments et réplique aux Pharisiens : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecins, mais les malades. » Le plus important dans ces repas, c’est d’accueillir aussi les autres, pas bien intégrés dans le judaïsme, les pécheurs, et ceux que vous ne pouvez pas supporter, les collecteurs d’impôt. Vous n’avez pas besoin qu’on s’occupe de vous. Mais ceux-là qui viennent d’ailleurs, qui ne croient pas forcément ce que vous croyez, ceux-là qui sont réprouvés, malades, fragilisés parce qu’ils ne trouvent pas bien leur place dans ce judaïsme ancestral, c’est eux qui ont besoin d’être accueillis, d’être admis dans la communauté. Et Jésus précise : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. »

L’apôtre Paul explique bien que la foi rend juste. L’évangéliste ne dit pas le contraire. Il écrit simplement que Jésus ne s’intéresse pas aux justes mais à tous ceux qui viennent d’ailleurs, d’une autre culture et qui sont donc pécheurs et qui veulent s’intégrer dans la bonne société.

Chers amis, qui pensons avec Paul que, puisque nous avons la foi, nous sommes justes, ou puisque nous avons un peu de foi, nous sommes un peu justes, réalisons bien que Jésus ne s’intéresse pas à nous, mais à tous les autres, qui sont malades, pécheurs, dans le sens où ils ne sont pas comme nous.

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À propos Henri Persoz

est un ingénieur à la retraite. À la fin de sa carrière il a refait des études complètes de théologie, ce qui lui permet de défendre, encore mieux qu’avant, une compréhension très libérale du christianisme.

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