Littéralement en grec « qui a engendré Dieu », mais que l’on traduit souvent en français par « mère de Dieu ». Un prêtre orthodoxe me disait que les croyants étaient invités à toujours dire « mère de Dieu » après avoir prononcé le nom de Marie.
En fait s’est posée assez vite dans le christianisme la question de savoir si Marie était mère du Christ « selon son humanité » seulement, ou aussi « selon sa divinité ». Cette question a déchaîné de très vives controverses dans les premiers siècles de l’Église. Le premier à employer l’expression theotokos fut Clément d’Alexandrie (151-215). Dans la fameuse École de cette ville, l’idée a toujours été soutenue de l’union des deux natures, divine et humaine du Christ. Cette idée de Marie mère de Dieu est devenue très populaire et s’est assez bien répandue jusque parmi les Pères de l’Église.
Cependant, Nestorius (381-451), patriarche de Constantinople, s’est élevé contre cette idée. Il est vrai qu’il avait été formé à l’École d’Antioche où l’on considérait, à la suite d’Arius (256-336), que le Christ était né homme et était devenu Dieu par la suite. Nestorius ne pouvait pas admettre que Dieu ait été enfermé dans le ventre d’une femme. « La créature ne peut pas engendrer le créateur », a-t-il écrit dans ses controverses avec Cyrille d’Alexandrie (376-444), alors évêque de cette ville. Il fut condamné au concile d’Éphèse (431) au cours duquel le theotokos fut réaffirmé. Nestorius fut destitué aussitôt et envoyé en exil. Il mourut une dizaine d’années plus tard. Il subsiste beaucoup de nestoriens en Orient, par exemple en Irak. Et au septième siècle, certains émigrèrent jusqu’en Chine.
La réforme luthérienne n’a pas trop suivi cette expression de mère de Dieu, trop liée à la tentation constante d’élever Marie au-dessus de la condition humaine. Les protestants sont nestoriens sans trop le savoir. u
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