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L’exposition « Luther en automne »

 

286-23-1En superposant cette phrase en forme de haïku, créé pour l’occasion, sur une photographie de l’église luthérienne Saint-Thomas à Strasbourg, nous avons voulu rendre hommage aux années alsaciennes de Schweitzer, personnalité trop souvent réduite à son statut d’icône humanitaire. En effet, l’œuvre d’Albert Schweitzer se résume en France le plus souvent à l’image du fondateur d’un hôpital au Gabon, prix Nobel de la paix (1952) à la silhouette immortalisée par de grands photographes comme Yousuf Karsh ou William Eugen Smith.

Un ouvrage récent (2013) de l’historien Matthieu Arnold explore ses années alsaciennes, de sa naissance en 1875 jusqu’à son départ pour l’Afrique en 1913, années pendant lesquelles le jeune Schweitzer, fils de pasteur, féru d’orgue et de Jean-Sébastien Bach, soutint trois doctorats (philosophie, théologie et médecine) et fut un acteur majeur de la scène néotestamentaire allemande, notamment grâce à son ouvrage sur l’Histoire des recherches sur la vie de Jésus, paru en langue allemande en 1906 (Von Reimarus zu Wrede. Eine Geschichte der Leben – Jesu Forschung édition définitive fortement augmentée en 1913), malheureusement jamais traduit en français. Ce maître-ouvrage fut rédigé alors que Schweitzer était le directeur du Séminaire protestant (Stift), de 1903 à 1906.

À partir d’une vue de l’église protestante Saint-Thomas prise précisément de la cour du Stift au printemps 2011 par la photographe Élisabeth Schlenk et publiée dans le blog Journal d’un pasteur de campagne, il s’agissait pour nous de dire quelque chose de la rupture qu’a constitué l’abandon par Schweitzer, au profit de l’Afrique, d’une carrière qui s’ouvrait devant lui dans l’université allemande, suite à la parution de son essai sur l’histoire des vies de Jésus.

L’ouvrage de Matthieu Arnold donne de précieux éléments pour comprendre ce geste de rupture. Le questionnement de Schweitzer a porté non pas sur un plan de carrière mais sur une action susceptible d’entrer en correspondance profonde avec l’enseignement et l’action de Jésus. Dès 1905, il avait le projet de partir en tant que missionnaire, pourvu de connaissances médicales ; mais il partira finalement en tant que médecin, à cause des réticences de la Société des missions de Paris à l’égard de ce théologien trop libéral (il ne cessera toutefois jamais de prêcher à Lambaréné). Ce faisant, Schweitzer ne s’éloignait en rien de l’action de Jésus dont les évangiles nous rappellent qu’il exerça une intense activité de guérisseur. Il se trouve que le terme technique pour qualifier cet aspect de l’activité de Jésus est « thaumaturge ». Alors, à titre ludique et poétique (assonance), nous avons simplement établi un lien entre « thaumaturge » et « Saint-Thomas », qui est cette église à l’ombre de laquelle Schweitzer rédigea son maître-ouvrage.

Références : Matthieu Arnold, Albert Schweitzer, les années alsaciennes 1875-1913, Strasbourg, La Nuée bleue, 2013. Blog présentant le projet « Luther en automne » : http://lutherenautomne.tumblr.com/ (Version archives : http://lutherenautomne.tumblr.com/archive) Blog d’Élisabeth Schlenk, Journal d’un pasteur de campagne : http://elisabethschlenk.tumblr.com/ (Version archives : http://elisabethschlenk.tumblr.com/archive)

 

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À propos Philippe François

pasteur de l’Union des Églises Protestantes d’Alsace Lorraine, est l’auteur d’une Anthologie protestante de la poésie française et du blog Journal d’un pasteur concordataire.

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