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À propos du sacerdoce universel

 

Un petit bémol au bel article de Laurent Gagnebin, « Le prix de l’unité », dans le numéro de janvier dernier d’Évangile et liberté. (C’est un tout petit bémol qui n’enlève rien à ses arguments et même qui les renforce !) Laurent écrit : « Demander au catholicisme romain de souscrire au sacerdoce universel défendu comme une réalité essentielle par les protestants, c’est lui demander de ne plus exister. »

En fait, la notion est bien présente dans la théologie catholique la plus officielle : la constitution dogmatique sur l’Église « Lumen gentium » du Concile Vatican II (1962-1965). On peut lire au chapitre 2, § 10 : « Le sacerdoce commun des fidèles et le sacerdoce ministériel [celui des prêtres] ou hiérarchique [celui des évêques], s’ils diffèrent essentiellement et non pas seulement en degré, sont cependant ordonnés l’un à l’autre, puisque l’un comme l’autre participe à sa façon de l’unique sacerdoce du Christ. »

Il est clair qu’une telle théologie est en contradiction complète avec la structure institutionnelle très hiérarchisée, très cléricale de l’Église romaine, et même en contradiction avec la suite du texte conciliaire qui, dès le chapitre suivant, traite de « la constitution hiérarchique de l’Église, notamment de l’épiscopat ».

L’histoire de la rédaction du texte explique cette bizarrerie : deux équipes différentes avaient préparé un projet pour ce texte conciliaire : la première composée de théologiens novateurs et sensibles à l’œcuménisme ; la seconde de prélats de Curie conservateurs. Jean XXIII leur avait benoitement demandé de se réunir pour aboutir à un texte de synthèse. En fait, ils se sont quasiment contentés de coller l’un à l’autre les deux textes contradictoires ! La citation reproduite ci-dessus à propos du « sacerdoce commun » est issue du premier groupe qui a rédigé les deux premiers chapitres de la Constitution.

C’est le problème récurrent avec les textes du concile Vatican II : le pape Paul VI était obsédé par le désir que les constitutions, décrets et déclarations soient votés autant que possible à l’unanimité : d’où une foule d’amendements pour arrondir les angles… et faire dire aux textes une chose et quasiment son contraire.

Bref, l’affirmation de Laurent est d’autant plus vraie institutionnellement qu’elle est discutée théologiquement au sein de l’Église catholique !

 

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À propos Michel Barlow

Michel Barlow, essayiste, romancier et théologien, est universitaire retraité (Lettres et sciences de l'éducation). Auteur de Pour un christianisme de liberté et Le bonheur d'être protestant.

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