En janvier 2022 est paru le livre de Victor Castanet Les fossoyeurs sur les conditions de vie dans les EHPAD, et en particulier les « EHPAD à but lucratif » (on dit maintenant « EHPAD commerciaux » c’est « moins pire… »). La vieillesse est devenue un filon rémunérateur, la course au profit écrase l’humain. Les fossoyeurs a soulevé l’indignation, et même l’horreur, en révélant les malveillances vis-à-vis des pensionnaires (limitation du nombre de couches, de la nourriture, absence de soins d’hygiène, chutes sans intervention du personnel !). La dignité d’une personne n’est pas à vendre pour que les actionnaires gagnent plus ; ces EHPAD sont cotés en Bourse ! Les maltraitances attestent qu’on n’a pas reconnu la dignité de nos aînés qui ont autant besoin de respect que de soins.
Faut-il que, dans notre société, tout soit rentable : la santé, l’enseignement, la justice… ? Les plus faibles sont laissés de côté puisqu’ils ne rapportent rien. Vive le « premier de cordée » !
Accueillir, écouter, aimer, c’est ce que l’Évangile nous enseigne. « Ce que vous avez fait au plus petit d’entre les miens, c’est à moi […] que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Mais l’indignation ne dure pas et ne suffit pas ; rappelons-nous la vague d’émotion suscitée par l’image du corps sans vie de Aylan, enfant syrien de trois ans, échoué sur une plage turque en 2015. Et depuis ? En 2021 le nombre de migrants noyés en Méditerranée a augmenté de 120 % par rapport à 2020. Qui s’en émeut ? Ce qu’on découvre aujourd’hui sur la vie en EHPAD n’est pas nouveau ; en mars 2018 un rapport de la Commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale pointait déjà les dysfonctionnements. Quelle suite lui a été donnée ? Le dossier a été enterré sous une pile d’autres dossiers… Il faut espérer que les révélations du livre Les fossoyeurs vont entraîner des changements. Peut-on laisser perdurer un système qui fait des bénéfices aux dépens des personnes très âgées ? Personne ne survit au manque d’amour. Nous avons à bâtir une société où nul ne sera méprisé et laissé de côté.
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