Radicalité

Avez-vous remarqué combien le cas particulier devient généralité ? Citons quelques singularités de notre monde transformées en normes globalisantes à grand renfort de communication : quelques terroristes commettent des attentats, et toutes les religions sont à contrôler ; un migrant vole ou se shoote au crack, et nous devons fermer nos frontières à double tour ; un juge se trompe, et toute la profession est stigmatisée, etc.

 Comment vivre sereinement dans une société qui fabrique et traduit simultanément en lois de telles radicalisations ?

 Souvenons-nous que, du temps de Jésus déjà, cette radicalité s’exprimait dans le rapport à la loi divine pour les « sachants » de l’époque, les Pharisiens : le sabbat, l’adultère, etc.

 Pour retrouver le calme dans nos rapports humains, il faudrait peut-être nous souvenir que la loi, qui organise notre vivre-ensemble, doit être élaborée pour le cas général : c’est aux juges de l’interpréter ensuite dans les circonstances du cas particulier. Cela permet un équilibre humain dans la réparation, quitte à créer une jurisprudence si besoin. Sinon, nous n’aurions pas besoin de juge : un simple ordinateur suffirait pour rendre une justice égalitaire, sans s’embarrasser de l’équitable.

 Je crois que nous sommes à la croisée des chemins sur ce sujet. Ne pas faire de choix revient à laisser la place à l’émotion de la communication dans l’instant, laquelle s’appuie sur la loi « naturelle » du « œil pour œil, dent pour dent », facteur d’escalade de la violence.

 Lorsque Jésus prononce « le sabbat a été fait pour l’homme, et non l’homme pour le sabbat », il nous invite à réfléchir à la singularité, en adaptant le cas général. Sans nous laisser saisir par la radicalité, saurons-nous choisir une cohabitation harmonieuse, à l’opposé de la communication sans fond à l’emporte-pièce ? J’en décèle pour ma part le but dans cette parole de Martin Luther King : « Il nous faut apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons périr ensemble comme des imbéciles. »

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