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Protestant libéral : c’est une posture !

 

Ce numéro d’Évangile & liberté est hors norme. Il nous permet donc de redire nos fondamentaux, ceux du protestantisme libéral. Le premier tort que nous avons est de nous laisser piéger par ce singulier. Comme théologien (inspiré par le Process), suis-je un théologien « du protestantisme libéral » ? Cette expression est-elle un singulier ou un pluriel ? Assurément, il n’existe pas « un protestantisme libéral » mais sans doute une posture libérale dans différentes théologies, voire différentes spiritualités. Il faut d’ailleurs ici rappeler que la spiritualité n’est pas le monopole d’une religion ou même des religions en général. Cela explique sans doute ce goût que nous avons pour le dialogue avec toutes les religions comme avec toutes les formes de spiritualités ou convictions. Car le protestant libéral est d’abord un chercheur éternel, pas un « sachant » délivrant un catéchisme tout fait qu’il nous suffirait de répéter tels des perroquets bavards et inutiles…

Mais quelle diversité entre nous aussi ! Entre un piétisme de la « dépendance » chez Schleiermacher, une foi émancipée de la « croyance » chez Sabatier, une exigence radicale de la prédication « sérieuse » selon Harnack, un appel virulent à la liberté chez Troeltsch, une « perspective de l’ultime » chez Tillich, ou ce discours révolutionnaire et novateur d’un Dieu énergie chez mon ami (et complice théologique) Raphaël Picon… tous différents et tous libéraux…

Alors peut-on définir un socle, une armature commune à ces démarches ? Je le crois ! Chacun à sa manière a cherché à rendre la foi crédible, peut-être d’ailleurs pas la foi elle-même qui demeure un choix intime, une « folie » (selon Paul) ou un « pari » selon Pascal, mais l’expression de la foi dont on peut être porteur. Car, comme chrétiens, l’appel de l’Évangile nous rend témoins, dans « nos langues » pour reprendre l’image de la Pentecôte, c’est-à-dire dans nos expressions contextualisées. Notre objectif est de rendre le discours sur Dieu crédible, animé par la foi et nourri de la raison qui rend ce discours accessible, compréhensible. La raison est l’antidote à toutes les formes d’intégrisme ou de dogmatisme répétitif.

La posture libérale est donc une vraie « protestation » dans les deux sens du terme. Elle est d’abord un refus, celui d’une foi incroyable et dogmatique, celui d’une Église qui aurait comme seul but de nous rendre brebis d’un dogme et d’un rite établis. Mais elle est aussi un « pro-testimonium » (un « témoignage pour »), une forme de libération de nos expressions et de nos attitudes. Notre posture, dans la diversité de ses expressions, nous émancipe, nous libère. En refusant le littéralisme biblique et en refusant la répétition dogmatique, nous devenons des croyants d’aujourd’hui, voire un peu de demain. Ancrés, héritiers ? Oui ! Mais libres !

 

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À propos Jean-Marie de Bourqueney

est pasteur de l’Église protestante unie. Il est actuellement à Paris-Batignolles. Il est notamment intéressé par le dialogue interreligieux et par la théologie du Process.

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