Esprit, es-tu là ?

Il ne participe pas aux activités cultuelles de l’Église locale. C’est sa présence à l’Entraide qui l’a amené progressivement à chercher à mieux connaître le protestantisme et à lire l’évangile de Jean (son préféré suivant ses dires). Je l’ai vu une fois entrer au temple un dimanche matin pour en ressortir assez rapidement : la forme du culte lui a-t-elle parlé ? Placé très jeune en famille d’accueil, rejeté par ses parents, Jean a vécu la « galère » et appris à jouer des poings pour se faire respecter. Voilà cinq ans qu’il a débarqué un jour dans le local de l’Entraide et qu’il a partagé le repas avec nous. Depuis, il n’est plus parti. Chaque vendredi, il arrive de bonne heure pour éplucher les légumes pour la soupe et se rendre utile à la préparation de repas chauds à emporter (covid oblige !). Aujourd’hui, il est devenu bénévole et s’est engagé à porter à manger à des gars et femmes de la rue qui, pour une raison ou une autre, n’osent pas ou ne veulent pas franchir les portes du local de l’Entraide. Il assure en quelque sorte un ministère diaconal du lien.

Même s’il en exprime parfois le désir, il ne vient pas au culte du dimanche ; pourtant, l’équipe des bénévoles sent bien que cet homme est animé par une force que j’ose nommer l’Esprit de Dieu – l’Esprit qui le conduit progressivement à vivre en disciple de celui qui s’est abaissé pour laver les pieds de ses amis. C’est bien le signe que l’Esprit ne se laisse pas enfermer dans les frontières de nos Églises même s’il y est présent. Il n’est la propriété de personne en particulier et sa liberté d’action ne cesse de nous surprendre. Il se révèle quand il veut et au travers de qui il veut. Ce souffle divin rend visible cette parole de l’évangéliste Jean : « L’heure vient et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et vérité ; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. » (4,23) Et si ce vécu était une Pentecôte d’aujourd’hui, le spectaculaire en moins ?

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