Richesse

L’histoire du christianisme avec l’argent n’est pas un long fleuve tranquille… Entre l’appel à la pauvreté monastique, l’extrême richesse du Vatican (notamment grâce aux indulgences), la culture protestante ayant favorisé l’émergence du capitalisme, les convictions et les pratiques furent variées ! Dès les origines bibliques, la question de la richesse et de la pauvreté fut posée, par exemple dans les Béatitudes. À première lecture, la richesse y est condamnée et la pauvreté valorisée. C’est un renversement évangélique par rapport aux normes sociales de l’identification de la richesse au pouvoir. Pour autant, faut-il condamner la richesse économique ? Le protestantisme a fait un autre choix éthique et spirituel.

La pauvreté évangélique est une acceptation de la dépendance. Luther affirmait que « nous ne sommes que des mendiants ». Le riche est alors celui qui vit dans l’illusion de l’autosuffisance : il ne considère pas les autres. D’ailleurs, la théologie du Process (ou de la « jubilescence », comme j’aime à la traduire), valorise cette interdépendance des êtres. C’est une réalité du monde. Et nous « dépendons » aussi de l’énergie divine. Si l’on traduit cela pour aujourd’hui, la question n’est donc pas de condamner l’argent en tant que tel. Celui-ci n’est ni bon ni mauvais, il est tel qu’on l’utilise. Cette éthique, comme le rappelait Max Weber, est une source de création de richesse, qui peut être ensuite partagée. Mais la question qui demeure est précisément cette notion de « partage ». Est-il supportable que l’écart entre les plus faibles et les plus gros revenus ne cesse de croître et que la richesse du monde soit si inégalement répartie ? Un certain nombre de leaders économiques et de grandes entreprises y travaillent aujourd’hui. Mais la route est encore longue…

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