ou se pense libéral, de ne pas verser dans le pessimisme. La montée des populismes, les privations imposées par la lutte contre la pandémie ou l’impression que la société devient plus intolérante peuvent parfois donner l’impression qu’un engagement libéral revient aujourd’hui à se battre dos au mur. Cette morosité peut aussi conduire au repli et à la surenchère, à exiger des uns et des autres qu’ils partagent une doxa libérale qui me paraît une contradiction en soi.
S’engager pour les droits fondamentaux ne sera jamais facile. Augustin nous invitait à ne pas dire que les temps sont bons ou mauvais – c’est à nous qu’il appartient d’être bons. Le libéralisme porte en lui la même exigence d’action et de responsabilité individuelle. S’il peut nous sembler, non sans raison, que les valeurs que nous défendons reculent, cela ne devrait pas être un signe de désespoir pour nous, mais au contraire la preuve que, plus que jamais, les libertés ont besoin d’être défendues.
La tentation pessimiste vient peut-être de ce qu’être libéral revient à refuser les solutions magiques. Nous n’avons ni le confort d’un dogme, ni d’autres armes que nos bonnes volontés. Il n’existe pas de plan à suivre. Le libéralisme vient sans mode d’emploi : il est polyphonique par nature. Pourtant, notre inquiétude face aux réponses faciles ne peut être qu’un point de départ ; si elle nous amène au fatalisme, ou au seul plaisir de penser avoir raison quand tout le monde a tort, nous faisons de la liberté une idole, un badge qu’il nous plaît de porter ou une identité – mais pas une foi. Bien sûr, nous aurons notre lot de désespoirs et de désaccords. Mais la liberté se nourrit aussi, peut-être avant tout, de notre détermination, de notre conviction que ces obstacles ne nous arrêteront jamais
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