La réunion de plusieurs centaines de personnes en banlieue parisienne à l’occasion d’une fête en novembre m’a renvoyé à la superficialité de certaines vies. S’il nous faut être vigilants quant aux libertés fondamentales qu’un état d’urgence, fut-il sanitaire, pourrait menacer, je reste atterré par le fait qu’autant de personnes n’aient pu résister à l’appel d’une soirée. En plein confinement. Comme si cela leur était essentiel.
Sans doute faut-il considérer les mécanismes de défense à l’œuvre chez l’être humain. Le besoin d’affirmer la supériorité de la vie face à la mort justifie-t-il pour autant de contrevenir aux strictes recommandations sanitaires ? Je ne crois pas que les comportements observés de-ci de-là relèvent tous de cette pulsion de vie. Cette drôle d’année 2020 aura pourtant mis nos corps et nos cœurs à rude épreuve. Chacun a pu mobiliser des ressources, appeler à l’aide ou sombrer pendant un temps. Peut-être n’avons-nous pas réussi à nous adapter. Peut-être avons-nous « morflé ».
Côtoyer des semblables s’affranchissant de règles dont l’assouplissement dépend précisément de leur respect unanime a de quoi être énervant. J’ai alors relu le livre de Qohélet comme je ne l’avais jamais lu. Je ne sais pas si je suis sage mais j’ai éprouvé cette amertume face à la futilité, pas seulement celle de la vie des autres – constat facile pour celui qui l’énonce – mais aussi celle à laquelle conclut l’observation implacable et lucide de toute vie, y compris la mienne donc. Aucune stratégie d’évitement ne demeure. « Les justes, les sages et leurs labeurs sont dans la main de Dieu » (Ec 9, 1) rappelle cependant l’auteur avant de nous inviter résolument à jouir de la vie comme d’un don de Dieu. Va ! Cesse de grogner contre ceux qui t’agacent, tâche de vivre en être responsable devant ton Dieu. Il y a de quoi déjà bien s’occuper.
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