Dans ma paroisse, depuis mars, à cause de la Covid, on n’a plus célébré la Cène. Personnellement (suis-je le seul ?), je m’en passe très bien. Je n’éprouve ni frustration ni privation. La Cène a toujours joué un rôle mineur dans ma piété ; elle ne m’est nullement indispensable. J’ai conscience d’être sur ce point très éloigné d’une sensibilité catholique ou luthérienne ; par contre je n’ai pas le sentiment de beaucoup m’écarter de la spiritualité réformée. Chez les réformés la Cène a deux significations.
D’abord, elle appuie et prolonge la prédication ; elle en est, écrit Calvin, une « aide inférieure », une « dépendance et accessoire », qu’on lui ajoute parce que la faiblesse de l’homme fait qu’il a besoin d’un signe visible et matériel de la présence spirituelle du Christ. Je ne me prends nullement pour un fort dans la foi. Cependant, pour moi, la prédication de l’Évangile m’apporte le signe essentiel de la présence du Christ, un signe beaucoup plus puissant et qui me conforte bien mieux que tous les autres.
Ensuite, celui qui prend la Cène témoigne publiquement de son acceptation de l’Évangile proclamé par la prédication et de son appartenance à la communauté chrétienne. Œcolampade, le Réformateur de Bâle, écrit : « les fidèles doivent faire usage du sacrement plus pour le prochain que pour eux-mêmes ». En y participant, ajoute-t-il, tu dis « à ton frère à côté de toi que tu es membre du Christ ». J’en suis d’accord, mais ce témoignage, je le rends du seul fait que dimanche après dimanche, je me joins avec d’autres au culte public de la paroisse.
Qu’est-ce que la Cène exprime d’autre que la prédication et apporte de plus que l’assemblée ? À mon sens pas grand chose. Je ne juge pas ceux qui tiennent à elle, ils ont leurs raisons que je respecte tout en redoutant les superstitions qui entourent et menacent les rites. Pour ma part, je vivrais comme un malheur l’absence de prédication ; par contre celle de la Cène me laisse plutôt indifférent.
Pour faire un don, suivez ce lien