Collecte

« Toutes les religions se ressemblent par la collecte », écrit férocement Jules Renard. Quand je préside un culte, je suis toujours mal à l’aise quand arrive le moment d’annoncer la collecte. Après avoir parlé du don de Dieu et de la gratuité de l’Évangile, voilà que je réclame de l’argent, comme s’il fallait que les auditeurs rémunèrent la prédication que je viens de faire. Par contre, quand je participe au culte assis sur un banc ou une chaise, je n’éprouve aucune gêne lorsqu’on me tend la bourse : je suis content de pouvoir exprimer ma reconnaissance et de contribuer pour ma modeste part à la vie de la paroisse.

Au 16e siècle, la collecte n’allait pas, en principe, aux besoins de l’Église. On estimait qu’il revenait normalement à l’État d’en financer le fonctionnement. On considérait le culte comme un service public, offert à tous. Il paraissait normal que la puissance publique en ait la charge matérielle et que l’impôt fournisse le nécessaire pour que la prédication et l’enseignement chrétiens se fassent dans de bonnes conditions. La collecte représentait une aumône pour les « pauvres ». Elle alimentait la diaconie. Elle concrétisait dans le déroulement du culte, à côté de la prière d’intercession, la dimension de service et d’amour du prochain. Il n’en va plus de même aujourd’hui ; ce sont les fidèles qui assurent entièrement les dépenses liées à la vie de leur paroisse et ils le font, entre autres, par ce qu’ils donnent à la collecte. Il m’arrive de souhaiter (même si je sais bien que c’est utopique) que des cotisations couvrent entièrement les frais de l’Église et que les collectes au cours d’offices servent uniquement à des actions humanitaires ; elles signifieraient alors qu’il fait partie du culte de penser aux autres et de secourir leur détresse.

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