Tu parles à l’homme de bien des manières ;
Toi à qui seul appartiennent la sagesse et l’intelligence, tu veux pourtant
te faire comprendre de lui.
Hélas ! Même quand tu te tais, tu lui parles pourtant ; car il parle aussi, celui
qui se tait pour examiner l’élève ; il parle aussi, celui qui se tait pour éprouver
l’être aimé ; il parle aussi, celui qui se tait pour que l’heure de l’entente devienne
d’autant plus profonde lorsqu’elle arrive.
Père qui es aux cieux, n’en est-il pas ainsi !
Oh ! Dans le temps du silence, quand l’homme se trouve seul et délaissé sans
entendre ta voix, alors il lui semble bien que la séparation doive durer toujours.
Oh ! Dans le temps du silence, quand l’homme languit dans le désert sans y
entendre ta voix, alors il lui semble bien qu’elle a toute disparu.
Père qui es aux cieux, ce n’est pourtant que l’instant du silence dans l’intimité
de la conversation.
Béni soit donc aussi ce silence, comme chacune de tes paroles à l’homme ;
Ne le laisse jamais oublier que tu lui parles aussi quand tu te tais ;
Donne-lui cette consolation, s’il attend ta venue, que tu te tais par amour,
comme tu parles par amour ;
Ainsi, que tu te taises ou que tu parles, tu es le même, Père, tu as le même
sentiment paternel, que tu nous guides par ta voix ou que tu nous éduques par
ton silence.
Sören Kierkegaard
cité par Flemming Fleinert-Jensen, Aujourd’hui…Non pas demain ! La prière de Kierkegaard, Olivetan, 2016, p. 23-24.
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