L’anticléricalisme n’est pas l’athéisme et la foi n’implique pas le recours aux religions instituées.
Aussi, je ne confonds pas les systèmes religieux (qui ont confisqué la spiritualité) et la foi. Je n’éprouve aucune sympathie pour les organisations religieuses, leur coercition (psychologique, communautariste voire politique) et leurs dogmes, alors que la foi m’interpelle, du moins celle des mystiques. L’agnosticisme peut sembler raisonnable : il n’y a de preuve ni de Dieu ni de l’absence de tout « arrière monde ». Alors, pourquoi athée ?
Imaginons que vous m’affirmiez l’existence des licornes invisibles en exigeant, puisque je n’y crois pas, que je prouve leur inexistence… Les religions, lorsqu’elles défendent l’agnosticisme comme position de repli, pratiquent l’inversion du sens de la preuve : c’est à ceux qui affirment d’apporter les preuves. Mon athéisme est logique, fondé et cohérent sans avoir à se présenter comme une religion inversée. En outre, l’existence ne se postule pas, elle se vit. Elle n’est ni un prédicat, ni un concept, mais une expérience (Kant) : c’est pourquoi le témoignage des mystiques, et lui seul, m’interpelle.
Enfin, postuler un dieu créateur éternel n’est qu’une facilité pour évacuer la question de l’origine (pourquoi quelque chose plutôt que rien ?) : une aporie en poupées russes. L’évolutionnisme, la paléontologie et la génétique des populations montrent qu’il n’y a pas une origine soudaine et spécifique de l’Homme (un Adam !) : ce qui nous différencie aujourd’hui du reste des espèces n’est que le développement de notre cortex cérébral. La conscience elle-même est certes fragmentaire chez les animaux, mais elle n’est aucunement le propre de l’Homme. « L’âme éternelle spécifique aux hommes » (lesquels ? Neandertal avait-il une âme ?) n’est qu’une chimère pour nous voiler l’horreur de la mort. Bien peu efficace : même le Christ a connu l’angoisse du trépas dans la solitude du Jardin de Gethsémani !
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