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Le cheminement spirituel de Luther

 

Le portrait de Luther peint par Cranach a attiré votre attention sur la jaquette de nombreux ouvrages en ce 500e anniversaire de la Réforme. Le livre de Rémy Hebding n’est pas seulement un ouvrage théologique, historique, savant, analytique supplémentaire, il est ce qu’annonce le titre, l’expérience existentielle d’un chrétien particulier : Luther, un homme qui interroge sa foi, se met à l’écoute de la Parole de Dieu dans la Bible et se demande, alors qu’il est moine augustinien, « comment se rendre digne de Dieu ».

Le livre propose de redécouvrir l’Esprit de la Réforme en suivant le cheminement spirituel de Luther. Il n’avait pas le projet d’être réformateur mais découvre que la liberté de croire s’avère contagieuse. « La liberté selon Luther n’est pas celle du « tout est permis » mais, bien au contraire, celle de la libération de l’être humain menant à la libération de l’agir humain pour une vie meilleure. » Si cet ouvrage nous importe, ce n’est pas comme mémoire mais comme dynamisme d’un « combat spirituel », comme nécessité d’une réforme constante à vivre par chacun et qui évolue en fonction des contingences. Les premiers chapitres rappellent un monde tourmenté de la fin du Moyen Âge, un clergé qui vit mal, un catéchisme de la peur et déjà l’amorce d’un esprit critique et laïque. Dans ce contexte, le livre relate les causes de la Réforme mais sa particularité insiste « sur un cheminement solitaire » et c’est « cette individualité qui deviendra une référence pour une pratique chrétienne plus libre ».

Luther affirme : « J’étais un moine pieux, attaché à mon ordre, tellement que j’ose dire que si jamais un moine est entré au ciel par sa moinerie, j’y puis rentrer aussi. » C’est le doute qui va révéler à ce religieux qu’il faut « laisser Dieu être Dieu » et donc que la grâce est première. « [Luther] vit d’abord et pense ensuite […] [il] découvre à travers le Christ sa propre lumière […] le symbole de la liberté humaine ». Le prophète de la Réformation s’affirme dans sa démarche personnelle et nous entraîne dans notre propre expérience, non pas par de nouveaux dogmes mais par « une force d’impulsion créatrice » dont aucun ne peut se dispenser pour rompre le connu répétitif.

Des  chapitres intitulés Face aux autorités ecclésiastiques, Les grands écrits réformateurs ou encore Des confrontations qui clarifient rappellent les étapes de la pensée du réformateur en les replaçant dans le contexte de l’époque. Le chrétien Luther affirme : « Ce n’est pas parce que l’Église parle qu’il y a Parole de Dieu, mais quand la parole est dite ; alors voici l’Église » (…) la prédication de l’Évangile rompt avec la succession des répétitions. Celles par lesquelles nous nous sentons en sécurité. » À l’exemple de Luther, dans les contraintes actuelles, ce livre est une invitation à l’expérience d’une « parole déstabilisatrice ». « Cela signifie se sentir responsable comme Luther devant sa conscience » et d’accepter « d’être pauvre devant Dieu et rendre compte de cette foi bondissante et joyeuse : celle découverte par Luther ».

 Rémy Hebding, Un chrétien nommé Luther, Paris, Salvator, 2017, 179 pages.

 

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À propos Michèle Pourteau

a été enseignante en IUFM pour la formation des professeurs des écoles. À la retraite, elle poursuit des activités de formation, que ce soit au Bénin à Songhaï, centre de formation agricole pour l’élaboration des projets d’entreprise des agriculteurs, ou dans le cadre d’une université de théologie en ligne (domuni.org).

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