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Penser la famille

Louise Hollandine, Princesse von der Pfalz : Adam et Ève avec Caïn et Abel. Vers 1660, provenant du château de Blankenburg.

Louise Hollandine, Princesse von der Pfalz : Adam et Ève avec Caïn et Abel. Vers 1660, provenant du château de Blankenburg.

La famille est une forme d’institution, dont la définition varie avec les époques et les cultures. Il est probable qu’en lisant « penser la famille » à l’instant, vous ayez eu en tête l’image d’un couple de parents avec des enfants. Et pour cause. Il s’agit du modèle dominant actuellement.

Quiconque a lu un certain nombre de livres bibliques le sait, il existe différentes formes de famille. Pensons à Abraham : il a un fils avec sa servante Agar, sur les conseils de sa femme Sara, qui n’arrive pas à tomber enceinte. Lorsqu’elle y parvient finalement, elle demande à Abraham de chasser Agar et leur fils Ismaël. Pensons aussi à Jacob, qui espère épouser Rachel et qui, trompé par le père de celle-ci, épouse sa sœur Léa, avant de pouvoir enfin s’unir (aussi) à celle qu’il aime. Pensons encore au roi David, qui a déjà plusieurs épouses lorsqu’il s’éprend de Bethsabée, la femme d’Urie, parti à la guerre. Elle tombe enceinte et, bien gêné, David cherche un moyen pour qu’Urie puisse croire que l’enfant est le sien. Il échoue et choisit alors de le faire tuer au combat pour éviter quelques problèmes à son retour.

Tournons-nous vers le Jésus des évangiles. Que dit-il de la famille ? Il ne propose pas de modèle mais pose, dans l’évangile de Marc, une question essentielle : « Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? » (Mc 3,33). La réalité biologique ne fait aucun doute pour Jésus à ce moment précis, sa mère Marie et ses frères et sœurs sont là, venus le chercher pour l’empêcher de parler à la foule, pensant qu’il déraisonne. Cadre idyllique et bienveillant, la famille qu’on appelle aujourd’hui « nucléaire » ? Ou trop souvent carcan qui empêche d’être soi ? Qui sont nos mères et qui sont nos frères ? Nous sommes en droit de nous interroger. La biologie n’a pas le dernier mot. Certes, elle a du poids (elle ancre ou elle pèse), mais nous ne nous résumons pas à de la biologie. Combien d’hommes ont été et sont encore les pères d’enfants qui n’étaient pas « les leurs » sans le savoir ? L’amour porté à un enfant n’a besoin d’aucune justification biologique.

Et Dieu père dans tout cela ? Le père est traditionnellement celui qui incarne l’autorité. Il est censé aider à grandir en autorisant ou interdisant. À dire vrai, un Dieu père ne me parle guère. Pas plus que le Dieu mère que certaines théologiennes féministes essaient de penser. Pourquoi Dieu serait-il plus père que mari (ou femme) ? La rencontre d’un Dieu mari ou femme relève du mystère et de la grâce. Je n’ai rien fait pour qu’il m’aime, pour lui plaire, son amour s’est révélé comme une évidence, qui transforme ma vie, me révèle à moi-même, me rend plus vulnérable mais plus vivante. L’évangéliste Jean dit de Dieu qu’il « attire » à lui (Jn 6,44). Oui, Dieu m’attire comme un aimant, vers toujours plus de vie, jusqu’à œuvrer passionnément pour la transmettre, biologiquement ou non

À lire l’article de Mikael Larsson et Valérie Nicolet  » La famille « 

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À propos Abigaïl Bassac

est titulaire d’un master de l’École Pratique des Hautes Études (section des sciences religieuses) et étudiante en master de théologie à Genève. Elle est assistante des enseignants à l’Institut Protestant de Théologie et directrice de la rédaction d’Évangile et liberté.

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