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Une bénédiction pastorale partagée

 

Deux amis qui partagent leur vie depuis de longues années m’invitent à la célébration de leur mariage en mairie et j’accepte avec joie. Quelques semaines avant la cérémonie, l’un d’eux me dit : « Accepterais-tu de prononcer une bénédiction ce jour-là ? » Court émoi de ma part, suivi d’une réponse positive, avec la fierté d’appartenir à une Église venant d’ouvrir ses bras à ceux qui s’aiment.

Le jour « J » les invités sont nombreux et l’ambiance décontractée devant l’officier d’état civil. Le dîner est prévu dans un restaurant pour ce que les mariés ont appelé : « Une surprise »… Tout le monde est réuni à l’heure dite. J’ai préparé la bible traditionnellement offerte en toute occasion importante d’un chemin de foi. J’ai passé ma robe. Le DJ fait retentir l’Alléluia de Jeff Buckley. L’atmosphère est au recueillement.

Des paroles d’accueil, une lecture biblique aussitôt suivie de la déclaration d’amour exprimée par les nouveaux mariés devant l’assemblée se tenant debout. La prière est puisée dans les paroles du cantique « Toi qui aimes ceux qui s’aiment, car tu es l’amour, dans nos vies comme un poème, fais chanter l’amour ». Oui, ces paroles ont été prononcées en cohérence et dans la volonté de dire du bien, c’est-à-dire de bénir. Comme il est juste de se rappeler d’être toujours en bénédiction les uns pour les autres, j’ai posé mes mains sur les épaules des époux en demandant aux témoins de poser, eux aussi, leurs mains sur leurs épaules et sur les miennes. J’ai proposé à tous les invités de poser la main sur l’épaule de la personne se trouvant devant eux. Chacun s’est prêté à cette chaîne bienveillante. Un souffle fragile était présent dans ce lieu devenu en ces instants une maison de Dieu pour tous.

Souvenons-nous du Journal d’un curé de campagne de Georges Bernanos. Le curé est fatigué, il a reçu la visite de son évêque qui est sur le point de prendre congé ; c’est alors qu’il lui demande, humblement, de le bénir. Et l’évêque refuse en quelque sorte par cette parole renversante : non, c’est toi qui es dans la peine, c’est à toi de me bénir ! Cette phrase qui se moque des usages pour aller à l’essentiel de l’humain m’a toujours bouleversé. Oui, plus que jamais, il nous faut apprendre, avec conviction, à être toujours en bénédiction les uns pour les autres. Il nous faut apprendre à grandir par grâce, en approuvant la joie d’aimer.

 

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À propos Werner Burki

est pasteur de l’Église protestante unie de France, aumônier du groupe protestant des Artistes de Marseille-Provence.

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