Nous connaissons bien Jean Alexandre, pasteur, bibliste, poète. Mais aussi écrivain puisqu’il en est au moins à son dixième livre. Jean nous plonge, avec ce livre, dans ses souvenirs d’enfance sous l’occupation et dans ce milieu très populaire parisien du faubourg de Charonne qui était le sien et dont il garde un souvenir ému.
C’était comme un village, habité par de pauvres gens d’où sont souvent sorties les révoltes et les révolutions, mais qui savaient vivre de la fraternité et de la solidarité.
Son père était prisonnier de guerre. Jean vivait avec sa mère et près de ses grands-parents dans de minuscules appartements au 5e étage sans ascenseur. Son grand-père faisait de la résistance à sa façon : il se postait place de la Nation et indiquait aux voitures allemandes la direction opposée à celle où elles voulaient aller. Nous sommes en 1942. « Où sont tes gosses ? » demande sa mère à sa voisine juive du dessous, alors que la police monte déjà l’escalier. Vite, elle les cache chez elle pendant que les parents sont emmenés au Vel’ d’Hiv’. Plus tard elle ira les placer à la campagne et les suivra jusqu’à la libération.
Sa famille était protestante de tradition, mais sans jamais aller au temple, plus attirée par les anarchistes et les souvenirs de la Commune que par le Symbole des Apôtres. Mais lui se plaisait à l’école du dimanche du temple de Béthanie, avec ce pasteur qui faisait le catéchisme le jour et de faux certificats de baptême la nuit. De là est née sa vocation de pasteur, mais aussi sa lecture de l’Évangile, éclairée par les souvenirs des humbles habitants de ce quartier déshérité
Jean Alexandre, Où sont tes gosses ?, Paris, Ampelos, 2015, 160 pages.
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