La justice désigne à la fois un principe moral, une vertu, l’exercice d’une activité et une institution ; son étymologie est latine : « justicia », de « justus » signifiant ce qui est conforme au droit, équitable. Mais la notion de droit est ambiguë ; tantôt le droit renvoie à des lois propres à une société, tantôt il renvoie à une exigence spirituelle ou morale.
Existe-t-il en chaque humain un « sens de la justice » qui nous rend aptes à évaluer et juger les décisions et actions, ce sens de la justice étant alors l’origine de la loi et du droit ? Le « Ce n’est pas juste ! » des enfants rend compte de ce sens inné, exprimant un sentiment de frustration. Pourtant on peut constater la diversité des pratiques de justice d’un pays à l’autre, comme l’écrivait Pascal : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà ».
Dans la société, l’idée de justice fait référence sinon à l’égalité, du moins à l’équilibre dans les relations entre les hommes. Elle est indissociable de l’activité de juger ; il s’agit de sanctionner une faute, de corriger une inégalité, de combler un handicap. En 2002 a été créée la Cour pénale internationale, première juridiction permanente chargée de juger les individus, quels qu’ils soient, ayant commis un génocide, des crimes de guerre, ou des crimes contre l’humanité, lorsqu’ils ne peuvent être jugés dans leur pays.
Est-il possible de réaliser la justice des hommes à la lumière de la justice de Dieu, que nous ne connaissons qu’à travers la tradition biblique ?
La justice de Dieu n’est pas une justice qui condamne : elle est une justice d’amour qui nous aide à devenir meilleurs. Dieu est avec nous dans les épreuves, il nous aide à nous relever lorsque nous sommes tombés. Longtemps les hommes ont cru que c’était une justice de la rétribution : s’il vous arrive des malheurs c’est que vous avez péché. Le premier Testament nie déjà cette affirmation, avec Job, et Jésus insiste sur l’erreur de cette vision (Jn 9,2). La justice de Dieu est une justice de vie. « Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice » (Mt 5,6) : il est juste de pardonner, il est juste d’accueillir l’étranger, le pauvre, le rejeté ; il est juste de respecter la création ; il est juste de combattre, en nous et dans le monde, ce qui est contraire à la vie.
Dans quel sens va notre justice humaine ? Peut-on ne penser qu’à la répression, à la condamnation, ou faut-il réfléchir à des institutions qui permettront de redonner une perspective de vie à des individus qui se sont perdus sur des chemins mortifères ?
Brice Deymié, pasteur, aumônier national des prisons pour la Fédération Protestante de France, nous explique ce qu’est la justice restaurative inscrite depuis 2014 dans la loi française, et comment elle peut permettre de restaurer le lien social.
A lire l’article de Brice Deymié » La justice restaurative: repenser la peine et le châtiment «
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