Parce que je suis un passionné de la peinture en général et de celle de Botticelli en particulier, il m’arrive de faire des recherches d’images pour illustrer un culte ou une conférence. Me voilà donc, lors de la semaine « sainte » (j’ai toujours été étonné de la « sainteté » de cette semaine, mais c’est un autre sujet…), à préparer le culte du vendredi « saint » (encore !). Je tape sur Google « crucifié », espérant vraiment trouver d’autres représentations que celles, classiques, que j’utilisais jusqu’alors pour ce culte. Et quelle ne fut ma surprise de voir le nombre de pages consacrées… au sport ! Nadal avait « crucifié » son adversaire, Messi (au nom prédestiné !) avait « crucifié » le gardien du Real Madrid. Et j’en passe… Je savais que le vocabulaire religieux avait souvent influencé le langage courant, puisque l’on parle bien d’œcuménisme entre partis politiques par exemple. Mais là, mon étonnement était la violence du propos. « Crucifier » quelqu’un qui, comme vous, ne fait que jouer un jeu, cela devient inquiétant. Le sport est certainement devenu, ou même a toujours été, l’exutoire de toutes les violences, comme autrefois les jeux du cirque. René Girard avait bien montré cette violence fondatrice. Le sport devient alors le lieu de défense d’une identité, d’une ville,d’une nation. Exutoire, je veux bien, mais exécution non ! Nous pourrions d’ailleurs en dire autant dans notre rapport aux hommes politiques qui se font conspuer partout où ils passent, et dont les magazines font leur cible facile et systématique, au point d’avoir emprunté un mot aux Anglais : le bashing. À quand le crucifing ?
La question nous est alors posée : quels mots pourrions-nous proposer aux commentateurs sportifs qui soient plus pacifiques ? J’en propose un : « Église ». Ce mot, emprunté à l’origine au vocabulaire politique grec (ekklésia), désignait la communauté des citoyens libres d’une cité. Alors proposons que les joueurs et les spectateurs deviennent une Église, qu’elle soit au Vélodrome ou au Parc des Princes…
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