Tillich affirme que « La culture est la forme de la religion, et la religion est la substance de la culture ». Il ne s’agit pas tant de concilier la religion avec la modernité que de la découvrir dans la modernité.
Conscient de cette nécessité, Évangile et liberté se fait régulièrement l’écho de rencontres entre la culture et la foi. Des auteurs font chaque mois résonner un tableau, une sculpture, un film, une oeuvre musicale ou littéraire, un poème… Des sujets comme « L’art contemporain et le christianisme » (n° 217), « Les protestants et le cinéma » (n° 222), « Musique religieuse et musique sacrée » (n°251),… ont aussi été développés.
« L’art est un mensonge qui nous permet de dévoiler la vérité », a dit Pablo Picasso ; cette réflexion pourrait être appliquée au mythe, langage très développé dans la Bible. L’expérience esthétique, la contemplation de la nature ou la découverte scientifique produisent une expérience intense de l’ordre de l’expérience spirituelle. Si pendant des siècles l’art est synonyme de beauté, l’art moderne s’est émancipé du beau, il est un art de rupture et souvent de révolte, un art « engagé », qui veut se rapprocher de la vie, du quotidien. « Créer du neuf, du nouveau et s’éloigner des conceptions passéistes, n’est-ce pas également un concept biblique : “Voici, je fais toutes choses nouvelles” (Ap 21,5) ? », faisait remarquer Jérôme Cottin (E&L mars 2008).
Pour Kant (1724-1804), « l’art ne veut pas la représentation d’une chose belle mais la belle représentation d’une chose ». Dans la perspective de Nietzsche (1844-1900), l’art est loin d’être un aimable passe-temps, il est l’activité métaphysique par excellence, ce à travers quoi se révèle pour nous la dimension tragique de toute existence ; le philosophe Heidegger (1889-1976) écrit : « L’art est la mise en oeuvre de la vérité. » Paul Tillich se caractérise par sa théologie de la culture ; en particulier il voit dans l’art expressionniste du XXe s. la révolte contre la société capitaliste bourgeoise et plus profondément l’aspiration à l’advenue du Royaume de Dieu comme l’ultime espoir d’une humanité désespérée.
Il est bien difficile de donner une définition universelle de l’art. Néanmoins l’art cherche toujours à utiliser le monde des sens pour pénétrer dans le monde de l’âme. Art et spiritualité sont ainsi très liés.
On peut dire que l’opéra, né à Florence aux environs de 1600, est un art total qui réunit musique, théâtre, arts plastiques et parfois danse. L’opéra s’ancre dans un univers où se déchaînent les passions humaines.
L’opéra de Georges Bizet Carmen, l’un des plus joué au monde, en est l’exemple type. Martine Jullian nous montre comment le personnage de Carmen est devenu mythique et Jean-Marie de Bourqueney revient sur l’importance du mythe.
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