Comme la divinité ne doit pas être nommée, les fils d’Israël prononcent « Adonaï » lorsqu’ils lisent « Yahvé » dans la Thora. Adonaï signifie « mon Maître ». Les juifs d’Alexandrie qui traduisirent la Thora en grec (ce qu’on appelle la Septante), utilisèrent le mot Kurios qui signifie « celui qui a de l’autorité, du pouvoir ».
Du temps de Jésus, le kurios est donc aussi bien l’empereur, que Dieu lui-même, d’après la Septante, que le maître de la maison ou de la vigne. L’éventail des significations est donc très large. St Paul, le premier écrivain chrétien, utilise bien toute la gamme des sens de kurios. Il y ajoute Jésus lui-même, ce qui paraît normal. Mais jamais la confusion n’est possible. Le contexte dit bien s’il s’agit de Dieu ou de Jésus ou du maître par rapport au serviteur. Les évangiles emboitent le pas. Le kurios, c’est le patron.
Lorsque les traductions latines apparaissent, le mot dominus est choisi, valable pour tous les sens de kurios. Très généralement, les traductions françaises apportent une distinction : Seigneur est utilisé pour nommer Dieu et Jésus. Maître est utilisé pour désigner tout homme ayant autorité. Ainsi les traductions sont perfides ; elles cherchent à mettre Jésus du côté de Dieu et à l’éloigner des hommes.
Que signifie Seigneur ? C’est la même racine que sire, sieur, senior, monsieur, monseigneur.
Mais le sens est vague. Originellement, le Seigneur signifie celui à qui l’on doit le respect, qu’il soit empereur, Dieu, Jésus ou un homme dont la fonction le place au dessus des autres.
Si bien que lorsque les membres de l’Église réformée reconnaissent que « Jésus est le Seigneur », ils ne reconnaissent en fait pas grandchose de précis.
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