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L’Inde et les castes

Les castes ont longtemps structuré la société indienne. Ce terme, d’origine portugaise signifie « pur ». Les individus qui n’appartiennent à aucune caste sont les « intouchables », qui subissent un véritable apartheid. Ils sont aussi appelés harijan (« enfant de dieu », forme utilisée par Gandhi), mais ils ont choisi eux-mêmes de porter le nom de dalit, qui signifie « opprimé ». Depuis l’indépendance de l’Inde (1947), considérer un citoyen indien comme intouchable est interdit par la constitution, pourtant ils subissent encore beaucoup d’humiliations.

  En Inde, un appel a été lancé pour que soit abandonné le système institutionnel des castes lors d’une conférence organisée en mai, conjointement par le Conseil oecuménique des Églises et le Conseil national des Églises en Inde qui regroupe protestants et orthodoxes. Dans le système hiérarchique très rigide de la société indienne, les dalits sont hors castes, anciens « intouchables » vivant de métiers considérés comme dégradants et surtout tenus à l’écart des castes supérieures qui culminent avec les brahmanes. Les dalits chrétiens représenteraient les deux tiers des quelque 28 millions de chrétiens indiens. Et ils subissent aussi cette discrimination dans les Églises chrétiennes où ce sont les castes supérieures qui détiennent la plupart des positions de pouvoir.

  Pourtant on note un nouveau dynamisme dans le monde des dalits pour secouer « l’hégémonie oppressive du système des castes » selon les termes d’un dalit chrétien universitaire de New Delhi. « Ce nouveau dynamisme doit impérativement se traduire dans la vie des Églises », a déclaré un autre participant, évêque de l’Église syrienne orthodoxe en Inde. Car « il y a une hypocrisie fondamentale lorsque l’Église proclame qu’elle est une communauté où tous sont égaux mais où la pratique des castes demeure », a fait remarquer un théologien indien ; « Les Églises doivent choisir entre Christ et les castes. » Un autre participant à cette conférence a fait remarquer que cette « hégémonie du système des castes » en Inde ne se vivait pas seulement dans le christianisme, mais que d’autres religions qui reconnaissent aussi l’égalité entre les humains, comme le bouddhisme et le sikhisme, pratiquaient aussi cette discrimination. « Les castes ne peuvent pas disparaître simplement à coups de bonnes intentions et de rhétorique théologique. Nous devons nous engager dans des actions audacieuses », a déclaré un protestant-méthodiste. Il demeure que tout n’est pas désespérant, la question des castes a évolué favorablement en Inde au cours des années, c’est l’un des constats positifs de cette conférence.

  Selon l’agence en ligne Cathnews India, des responsables de l’Église catholique en Inde ont exprimé leur inquiétude du fait que lors du recensement en cours on enregistre la religion et la caste des individus.

  Or les chrétiens dalits sont nombreux (plus de 60 % des chrétiens) ; mais la politique de discrimination positive, qui accorde des avantages financiers et réserve un nombre de postes dans la fonction publique et l’enseignement « hors castes » bouddhistes, hindous et sikhs, exclut les dalits chrétiens et musulmans, au prétexteque le christianisme et l’islam ne reconnaissent pas le système des castes. Lors du recensement de 2001, les statistiques officielles avaient minoré le nombre de chrétiens (24 millions) par rapport aux données des Églises, parce que beaucoup s’étaient sentis obligés de s’inscrire comme hindous dans des régions où ils étaient persécutés par des mouvements hindous nationalistes et fascisants, ou bien parce qu’ils craignaient de perdre leur statut de hors-caste et le bénéfice de la discrimination positive en leur faveur, refusé aux dalits chrétiens ou musulmans.

  Selon le porte-parole de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde, les chrétiens ont bien conscience qu’il y a « un réel problème » pour leurs frères dalit à révéler leur appartenance religieuse. Et il a rappelé que les Églises ont demandé, en vain, au gouvernement l’élargissement des mesures de discrimination positive à tous les dalits sans distinction de religion. L’Église catholique revendique 17 millions de fidèles, le Conseil national des Églises en Inde (représentant 29 groupes protestants et orthodoxes), 13 millions de membres. Des chiffres de 2010. Selon le recensement de 2001, les hindous représenteraient 80,5 % de la population, les musulmans 13,4 %, les chrétiens 2,3 %, les sikhs 1,9 % et les bouddhistes 0,8 %.

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À propos Claudine Castelnau

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