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Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ?

Que diriez-vous si vous receviez une lettre affirmant : « Ne savez-vous pas que vous êtes l’Élysée ? » C’est ce qui arrive aux Corinthiens, car le Temple de Jérusalem était véritablement le centre des décisions pour la vie du peuple d’Israël.

  Le plan de cette première lettre aux Corinthiens est un peu compliqué et on peut même se demander s’il s’agit d’une lettre dans son état d’origine ou de plusieurs fragments de lettres différents rassemblés plus tard par les Églises. Quoi qu’il en soit, l’apôtre a des difficultés avec ces Corinthiens, parce qu’ils interprètent à leur manière la liberté que recommande de prendre l’apôtre par rapport à la loi. La ville portuaire de Corinthe était réputée pour la débauche de ses habitants et l’expression « vivre à la Corinthienne » voulait tout dire. La distance prise par Paul vis-à-vis de la loi pouvait donc être mal interprétée et assez facilement faire des ravages. Il lui a fallu longuement s’expliquer pour éviter les excès, ce qu’il fait notamment dans cette lettre.

  « Tout est permis mais tout n’est pas utile », écrit-il à plusieurs reprises. À propos de la possibilité de manger de la viande qui a été sacrifiée aux idoles païennes, il explique longuement (1 Co 8) que l’important est ce que va ressentir le convive, qui vient du paganisme et n’est pas encore très assuré dans sa foi. Ne jugez pas en fonction de vous-même, mais en fonction du frère.

  Plusieurs fois, Paul écrit : « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu ? »

  Dans l’Égypte ancienne, puis dans le judaïsme, le temple est la demeure du Dieu, le lieu par excellence où la présence de la divinité se manifeste. Celui de Jérusalem était divisé en plusieurs espaces, de plus en plus sacrés, au fur et à mesure que l’on s’approchait du Saint des saints dans lequel seul le grand-prêtre pouvait pénétrer, seulement une fois par an.

  Mais désormais, c’est vous qui êtes ce Temple, dit l’apôtre. Ce n’est plus l’institution ecclésiale, avec tous ses prêtres, qui s’occupe de Dieu, qui est son porte-parole, c’est vous-mêmes. Dieu habite directement dans son peuple. Il n’est plus enfermé dans la pierre immobile et froide, mais habite dans le coeur vivant des croyants, partout où quelqu’un l’aime. C’est vous qui abritez Dieu, qui lui ménagez un espace pour vivre, qui veillez à sa bonne santé, qui lui permettez d’exister. Dieu n’est plus loin de vous, extérieur à vous, il est dans votre corps. C’est à partir de ce corps que Dieu parlera au monde.

  Vous êtes le temple de Dieu, vous ne pouvez plus faire n’importe quoi. Car vous êtes responsable de Dieu. Si vous faites des bêtises, c’est la réputation de Dieu que vous compromettez. Vous le salissez.

  Ainsi donc, le Temple de Jérusalem n’est plus utile, ni les cultes, ni les sacrifices qui y sont rendus, parce que Dieu a déménagé. Mais ce Temple et la loi étaient les deux piliers de la religion juive. Que reste-t-il d’une religion qui ne repose plus sur ses piliers ancestraux ? Paul répond, notamment au début du chapitre 12 de sa lettre aux Romains : «

  Offrez-vous vous-même en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu ; ce sera là logiquement votre culte… Soyez transformés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bien, ce qui lui est agréable, ce qui est parfait. »

  C’est donc votre comportement, votre dévouement pour secourir le monde qui remplacent la loi, les cultes et les sacrifices au Temple. Les deux piliers de la vieille religion sont remplacés par le discernement de la volonté de Dieu, par la vie morale. Génial, ce Paul !

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À propos Henri Persoz

est un ingénieur à la retraite. À la fin de sa carrière il a refait des études complètes de théologie, ce qui lui permet de défendre, encore mieux qu’avant, une compréhension très libérale du christianisme.

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