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Les quatre cavaliers de l’Apocalypse

Le livre de l’Apocalypse est bien difficile à comprendre. Pourtant, à propos des fameux quatre cavaliers, les explications que nous donne ici Louis Pernot rendent ce texte très compréhensible.

  Ces quatre cavaliers fort célèbres interviennent à l’ouverture des quatre premiers sceaux fermant le livre, qui n’est autre que l’Évangile, tenu à la main par le messager de Dieu. Aussi peut-on penser qu’ils sont, comme les sceaux, à la fois ce qui atteste, ce qui prouve la valeur du contenu du livre, c’est-à-dire du message du Christ, et ce par quoi il faut passer, les quatre expériences qu’il faut faire, tout en étant capables de les dépasser, comme on brise un sceau pour pouvoir accéder à la profondeur d’un livre.

  C’est l’expérience universelle de l’échec. Tout homme un jour ou l’autre doit admettre qu’il a été vaincu, qu’il n’est pas parvenu à faire ce qu’il espérait, ou à être celui qu’il aurait voulu être. Cette première expérience nous rappelle que nous ne sommes pas Dieu, que nous n’avons ni la toute-puissance ni l’infaillibilité. Nous ne pouvons donc pas chercher le salut en nous-mêmes, une bonne nouvelle est que notre salut ne dépend pas de nos réussites matérielles ou purement humaines. S’il y a un salut à espérer, il ne peut venir que d’en haut, que de Dieu.

  Cette deuxième épreuve qui nous empêche d’avoir trop confiance en nous-mêmes est celle de notre incapacité à vivre en paix vraiment avec les autres. Nous nous disputons, et il existe toujours des incompréhensions, des animosités, des jalousies. De même dans la société y a-t-il toujours des guerres, des bruits de guerre ou des menaces sur la paix politique ou sociale. Ainsi est-il illusoire de croire que la société, la sagesse, l’homme pourraient nous donner vraiment la paix. Aussi est-il, de même, impossible de trouver en soi une véritable paix profonde que rien ne puisse altérer. Il faut avoir compris et intégré cela pour pouvoir chercher la paix ailleurs, la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence,la paix impossible aux hommes, qui nous est donnée comme une grâce, non pas comme les hommes peuvent la donner, la paix du coeur, la paix spirituelle.

  Et il compte ce que l’on peut avoir pour tant ou tant d’argent, interdisant de posséder certaines choses. Il s’agit là de la limitation que l’on rencontre nécessairement dans notre désir de posséder. Le désir de possession est naturel, et chacun peut croire qu’il y aurait là une possibilité de donner du poids, de l’importance à son être. Mais si riche que l’on soit, il y a toujours une limite, quelque chose que l’on ne peut pas avoir ou s’acheter. Ainsi, un jour ou l’autre, sommes nous contraints à la frustration, à la déception d’une course sans fin, d’une quête qui ne peut aboutir. Aussi fautil chercher ailleurs l’absolu, et croire que la valeur de notre être ne dépend pas de notre avoir, mais de ce qu’il y a au fond de notre coeur, d’un trésor qui est dans le Ciel que personne ne peut nous ravir.

  La mort évidemment nous rappelle, plus que toute expérience, que nous ne sommes pas Dieu et donc pas essentiels. Nous ne sommes pas éternels, notre vie n’est que passage, et elle ne peut toucher l’éternité que si nous l’accrochons à quelque chose de vraiment éternel : Dieu. Pourtant, nous avons tendance à vivre comme si nous ne devions jamais mourir, comme si notre vie avait en soi quelque certitude de durée, de solidité ou de consistance. Le chrétien doit se rappeler que sa vie n’est qu’un outil provisoire, qui lui est confié pour peu de temps, afin qu’il la mette au service de quelque chose de plus important que lui. Le message de l’Évangile est une réponse à toute ces questions. Il ne peut être compris que si l’on est passé par elles sans les esquiver, pour y chercher une réponse vraie et positive.

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À propos Louis Pernot

est pasteur de l’Église Protestante Unie de France à Paris (Étoile), et chargé de cours à l’Institut Protestant de Théologie de Paris.

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