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Introduction : Richesse, avarice et partage

  «La peste soit de l’avarice et des avaricieux ! » Cette citation de Molière est-elle toujours d’actualité ? L’avare, dit le dictionnaire, est celui qui aime amasser des richesses et craint de dépenser. Théophraste, philosophe grec au IVe siècle av. J-C, dénonçait déjà l’avarice dans ses Caractères qui inspirèrent La Bruyère, tout comme Plaute, auteur latin, un siècle plus tard, dont la comédie La marmite inspira L’Avare. Le Père Goriot de Balzac et, plus près de nous et en bande dessinée, Picsou sont d’autres figures célèbres qui dénoncent ce « péché capital ».   

   Que dit la Bible ? « Si votre fortune augmente, n’y mettez pas votre coeur » (Ps 62,11) ; Jésus met souvent en garde contre les dangers de la richesse : « Ne vous amassez pas de trésors sur la terre » (Mt 6,19) ; « Vous ne pouvez servir Dieu et l’Argent » (Mt 6,24) ou encore dans la parabole du riche insensé (Lc 12,15-21). Paul aussi affirme : « La racine de tous les maux, en effet, c’est l’amour de l’argent » (1 Tm 6,10).   

   Pourtant, dans les pays développés de notre société capitaliste, l’argent n’a-t-il pas la première place ? Amasser des actions, avoir un compte dans un paradis fiscal, défendre le secret bancaire, jouer au loto ou à l’Euro Millions apporte-t-il le bonheur ? La crise que nous vivons aujourd’hui va peut-être nous obliger à considérer les limites de notre mode de vie.

   Le partage ne serait-il pas le meilleur remède contre les dangers de l’argent dénoncés par Jésus ? Zachée est délivré, libéré, parce qu’il décide de partager sa richesse (Lc 19,1-10). Savons-nous encore partager ? Question qui s’adresse à chacun, mais aussi à nos sociétés.    

   En 2005 les pays du G8 s’étaient engagés à doubler le montant de leur Aide Publique au Développement pour les pays les plus pauvres, entre 2005 et 2010. L’objectif ne sera pas atteint, malgré des chiffres officiels gonflés artificiellement par la prise en compte d’annulation de dettes !    

   La politique de restriction de l’immigration dans nos pays est contraire au partage. Nous avons un niveau de vie correct mais nous ne voulons pas que d’autres, moins favorisés, en profitent. Nous avons amassé (parfois en pillant les pays pauvres) et nous voulons garder. Pourtant notre croissance ne pourra pas continuer éternellement ; pour que les plus pauvres puissent améliorer leur niveau de vie, le nôtre devra stagner ou diminuer : il faudra bien finir par partager. La nature n’est pas inépuisable et le bonheur n’est pas la surabondance.    

   Le pasteur Alain Houziaux, qui organise maintenant des conférences, notamment, à Paris dans le cadre de « l’Auditoire » à la Faculté de théologie protestante de Paris, nous propose une réflexion sur l’avarice qu’il analyse comme une pulsion de mort. Mort comme l’or qui dort dans un coffre alors que, son objectif étant d’assurer les échanges, il devrait circuler en permanence.

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À propos Marie-Noële Duchêne

est enseignant-chercheur retraitée en Physique (université Paris-Sud Orsay). Depuis 2004, elle s’occupe du secrétariat de rédaction d’Évangile et liberté.

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