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Introduction : Éthique et morale

   Est-il possible à un être humain de vivre sans se poser la question du bien et du mal ?

   Au Ve siècle avant J.-C., Socrate pensait que l’homme ne pouvait pas faire sciemment le mal ; l’important était donc de le rendre conscient : « Connais-toi toi-même ». Un siècle plus tard, Aristote écrivait son « Éthique à Nicomaque », texte dans lequel il assignait comme fin à la vie l’épanouissement de l’être humain, se réalisant dans la vie de la Cité, sous la conduite de la raison et des actions estimées bonnes. Cet ouvrage eut une influence prépondérante jusqu’au XVIIIe siècle. Kant introduisit alors une « morale du devoir » : la valeur d’une conduite se mesure au respect d’un devoir qui s’impose à l’homme. Aujourd’hui, on différencie « Éthique » et « Morale ». Le philosophe Paul Ricoeur écrit : « Je réserverai le terme d’ “éthique” pour la visée d’une vie accomplie sous le signe des actions estimées bonnes (héritage aristotélicien), et celui de “morale” pour le côté obligatoire, marqué par des normes, des obligations, des interdictions caractérisées à la fois par une exigence d’universalité et par un effet de contrainte (héritage kantien). » Si Ricoeur affirme la primauté de l’éthique sur la morale, il affirme aussi la nécessité d’obligations, de lois, pour la même raison qui faisait dire à Paul (Rm 7,19) : « Je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas. » Cependant, de l’application des lois à des cas concrets découlent parfois des conflits qui ne peuvent être résolus que par une « sagesse pratique ». Aristote l’avait remarqué : « La loi est toujours quelque chose de général et il y a des cas d’espèce pour lesquels il n’est pas possible de poser un énoncé général qui s’y applique avec certitude. » L’euthanasie en est un bon exemple. Une citation de Paul Ricoeur complète la réflexion : « La pensée spéculative est tirée en arrière vers l’origine : “D’où vient le mal ?”, demande-t-elle. La réponse – non la solution – de l’action, c’est : “Que faire contre le mal ?” Le regard est ainsi tourné vers l’avenir, par l’idée d’une tâche à accomplir, qui réplique à celle d’une origine à découvrir. »

   Axel Kahn, médecin généticien, a publié en février 2008, en collaboration avec Christian Godin, philosophe, L’Homme, le bien, le mal, chez Stock. Axel Kahn est président de l’université Paris-Descartes et Directeur de l’Institut Cochin ; il a été membre du Comité consultatif national d’éthique de 1992 à 2004. Le 3 février 2008, il a donné une conférence au Foyer de l’Âme à Paris, sur cette question du bien et du mal. Le texte qui suit est la retranscription de cette conférence d’après un enregistrement, et son style reste « oral ». Mais la qualité de son contenu est telle qu’il nous a semblé intéressant de le publier tel quel.

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À propos Marie-Noële Duchêne

est enseignant-chercheur retraitée en Physique (université Paris-Sud Orsay). Depuis 2004, elle s’occupe du secrétariat de rédaction d’Évangile et liberté.

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