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Abraham, Ulysse et le Bouddha

Nos existences humaines sont des voyages, avec leur lot de surprises et de projets, de rencontres et d’introspections. L’Antiquité ne s’y est pas trompée en racontant l’histoire symbolique de trois personnages qui deviennent paraboles de nos vies : Abraham, Ulysse, et Sidarta Gautama (devenu le Bouddha). Les trois sortent de chez eux, entreprennent un périple qui va constituer leur identité ; mais les trois en tireront des conclusions radicalement différentes.

  Ulysse est la figure de l’aventurier que sa douce Pénélope attend comme s’il allait revenir chaque jour. Son voyage sera riche d’expériences, positives ou négatives, qui vont le modifier. Il deviendra acteur des événements qu’il subissait jusqu’alors. Une fois son périple accompli, une fois devenu un adulte autonome (on dirait aujourd’hui un leader, puisque l’on estime que parler anglais nous tient lieu de pensée…), il rentrera dans son Ithaque natale, y retrouvera sa famille et sa « place », enrichi de ses expériences. Ulysse, c’est le retour !

  Sidarta Gautama sort de son palais, de sa condition « protégée », pour découvrir le monde. Il y rencontre les différentes souffrances humaines. Il en tire une conclusion radicale : celle de « l’éveil », c’est-à-dire de la sortie de l’histoire et de ses passions responsables des souffrances. Le Bouddha, c’est la sortie !

  Quant à la figure d’Abraham, c’est celle d’une sortie aussi, mais au départ de son existence. Il quitte son « terroir » de Chaldée vers un ailleurs plus ou moins promis. Car il ne sait pas pour où il part, mais il part avec cette conviction que la présence de Dieu l’accompagne, que son existence a un sens qu’il lui faut découvrir. Abraham c’est l’aventure !

  Et moi qui suis-je ? Tour à tour Ulysse, aspirant à un retour à mon terroir natal (ma « retraite » comme un retour…), Bouddha, voulant fuir loin du tumulte superficiel de l’agitation humaine, ou Abraham, cherchant le sens (la signification et la direction) de mon existence ? Oui, par caractère, je suis les trois ! Mais ma conviction théologique est abrahamique : je vis dans l’aventure des idées, dans la rencontre des convictions. Je vais toujours vers un ailleurs de la pensée, où je ne suis jamais seul.*

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À propos Jean-Marie de Bourqueney

est pasteur de l’Église protestante unie. Il est actuellement à Paris-Batignolles. Il est notamment intéressé par le dialogue interreligieux et par la théologie du Process.

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