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1. « Qui aime bien châtie bien »

Voici le premier article d’une nouvelle série portant sur le livre des Proverbes, livre « destiné à faire connaître la sagesse, à donner l’éducation et l’intelligence des sentences pleines de sens » (Pr 1,2).

Les plaies d’une blessure sont un remède pour le mal ; de même les coups qui pénètrent jusqu’au fond des entrailles » (Proverbes 20,30)

  La foi biblique est-elle fondée sur le sadisme ? Une première lecture semble encourager une pédagogie des coups : violenter la personne qui ne fait pas ce que nous estimons juste, réprimer les écarts par une brutalité assez forte pour qu’elle aille jusqu’à la racine de l’être… et que ça saigne !  

  Compris autrement, ce proverbe peut nous aider à faire quelque chose de nos blessures, de nos stigmates : il s’agirait d’en faire un mémorial, la trace d’un passé douloureux, d’un événement malheureux, d’une faute. Les plaies, les résidus des coups reçus qui ne sont pas seulement physiques, forment alors un récit de notre passé auquel nous pouvons nous adresser lorsque l’histoire se répète, afin d’éviter de reproduire les erreurs d’autrefois. Les plaies nous évitent l’oubli et nous aident à ne pas réitérer ce qui a déjà provoqué le mal, la souffrance. Ce proverbe nous inviterait à tenir compte des leçons du passé dont notre être conserve les marques, visibles ou non, toujours sensibles.

  Scrutons maintenant le texte hébreu. Les traductions françaises organisent cette phrase autour de l’expression « de même que » qui ne figure pas dans le texte. Le texte hébreu, lui, distribue la première partie de la phrase « les plaies d’une blessure » pour en faire le « remède » à la fois « contre le mal » et « les coups » qui vont jusqu’à « la chambre du ventre », le coeur de notre intimité. Ce sont donc les plaies et non pas les coups qui sont un remède (ce qui disqualifie la première lecture incitant au sadisme). « Les plaies » sont exprimées par le terme haborah, le verbe hbr signifiant « être lié » : la plaie est ce qui fait lien, c’est ce qui nous relie au coup, à l’outrage qui nous atteint ; la plaie est symptôme, qui nous alerte sur un mal dont nous ne sommes pas forcément conscients. La plaie, le symptôme, deviennent alors une aubaine contre un mal – peut être sournois – qui nous abîme, à la manière de la sensation de brûlure lorsque nous touchons une source de chaleur. Cela nous permet de réagir et d’éviter d’augmenter les lésions. Les plaies/symptômes sont une grâce pour mettre un terme à la souffrance.

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À propos James Woody

Pasteur de l'Église protestante unie de France à Montpellier et président d'Évangile et liberté, l'Association protestante libérale.

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