Une Dispute à relire à nouveaux frais…

500 ans ! L’anniversaire de la première « Disputatio » qui s’est tenue à Zurich le 29 janvier 1523 n’est pas passé inaperçu en Suisse alémanique : dans les Églises bien sûr, mais aussi dans les médias qui se sont accordés à présenter l’événement de 1523 comme un acte fondateur de la démocratie et de la culture de débat des temps modernes. En effet, ce mode de décision impliquant le peuple a représenté un pas décisif dans le sens d’un renouveau de l’Église et de la société, à Zurich, et bien au-delà : dès lors ce n’est plus le magistère de Rome qui impose sa volonté en matière de religion et de foi, ni un prince qui dicte l’évolution ou le changement au sein de la société. C’est le peuple qui est appelé à délibérer sur la base de prises de position solidement argumentées à partir de la référence normative des Écritures.

Le propos peut certes être relativisé : les femmes n’ont alors en principe pas voix au chapitre. S’ajoutent ceux qui ne partagent pas les idées dominantes. Et bien qu’ils argumentent eux aussi à partir des Écritures, leurs compréhensions différentes impliquent exclusion et poursuites.

Pour autant, la Dispute de 1523 contribue indéniablement à l’évolution de la culture occidentale en ce sens que les décisions ne sont pas réservées à un pouvoir établi, mais se construisent et se votent à partir de raisonnements argumentés et discutés.

Si le protestantisme zurichois – et avec lui le protestantisme issu de la Réforme du XVIe siècle en général – peut à juste titre éprouver une certaine fierté à l’égard de ses origines, il se trouve aussi interpellé par son histoire. Qu’en est-il aujourd’hui de cette précieuse culture du débat initiée par la Réforme elle-même, alors que l’on assiste à une centralisation du pouvoir, que les structures locales disparaissent à la faveur de superstructures (la paroisse de Zurich par exemple est le résultat de la fusion de 32 paroisses) ? Et sur quels fondements s’appuient les prises de décision en Église aujourd’hui ? Les Écritures et le message de la justification par la grâce ? Ou des consultants qui poussent à un activisme se fondant sur des critères de visibilité et sur des structures efficientes ?

À lire l’article de Bernard Reymond «  Il y a 500 ans, la Réformation réformée prenait son envol à Zurich « 

Pour faire un don, suivez ce lien