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LeH’ayim ! À la vie

 

Tu choisiras la vie » dit le Deutéronome. En écrivant ces témoignages d’accompagnement des endeuillés, Delphine Horvilleur, évoquant des récits et légendes qu’elle conte dans ce livre, nous propose en fait un guide de vie dans une ambiance apaisante de sensibilité et d’amour. Elle note que H’ayim (vie) est un pluriel « car chacun de nous a plusieurs vies tressées les unes aux autres comme des fils qui se croisent…jusqu’à ce que nous puissions en défaire les nœuds en racontant nos histoires ». Jouant sur le sens double du mot hébreu Dor (action de tisser des paniers et génération), elle écrit que le tissage, c’est aussi l’imbrication des générations, chacune étant un lien de force entre la précédente et la suivante. Cet appel à la vie, personnalisé pour les endeuillés, est aussi essentiel pour une communauté, un État comme Israël par exemple, pour lequel « l’heure n’est pas à ressusciter les disparus mais à réveiller les vivants ». Rabin l’a exprimé à la veille de son assassinat en entonnant le Chant de la Paix soulignant ainsi sa soif de paix et d’harmonie pour le vivre ensemble qui nous interpelle actuellement, nous en France. Il faut « apprendre à aimer un autre que tu acceptes de ne jamais complètement comprendre ni posséder » car l’Éternel a dit : « Souviens-toi que cette terre est à moi et que vous y êtes, tel Abraham, uniquement des résidents étrangers chargés d’y mettre en place la justice et l’équité. »

Alors que, analysant les comportements d’Abel et Caïn, D. Horvilleur souligne que « tout ce que nous construisons solidement finit par s’user ou disparaître », elle n’hésite pas, à propos de son intervention aux obsèques de Simone Veil, à regretter que des juifs orthodoxes aient contesté la validité du kaddish récité par une femme, contestant ainsi la légitimité de sa fonction.

Enfin, donnant un conseil pour mourir dignement, elle se réfère encore à une légende dans laquelle Dieu laisse à Moïse, au moment de sa mort, la possibilité de donner sa vie pour que le peuple hébreu ait la vie sauve, ce qu’accepte Moïse, exemple d’une « vie offerte à tous ceux qui lui survivent, qui lisent et commentent son histoire ».

Au-delà de ces légendes, D. Horvilleur indique que le rabbin ne doit pas être celui qui pleure avec les endeuillés mais celui qui leur permet de croire en la possibilité de se relever, d’être confiants en « l’idée qu’il y a dans ce monde une possibilité de salut. Cet espoir porte bien des noms. Certains l’appellent Dieu mais les juifs ont choisi de ne pas le nommer. »

Delphine Horvilleur, Vivre avec nos morts. Petit traité de consolation, Paris, Grasset, 2021, 223 pages.

 

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