Au cours d’un conseil d’administration, quelqu’un m’a dit gentiment : « frère, excuse-moi, mais tu n’es pas éternel… » trois points de suspension. Et je lui ai répondu, un peu gêné de m’entendre dire une telle énormité : « Si, je crois que si. Je suis éternel ». Je ne me l’étais jamais avoué.
La réponse ne résolvait pas le problème de ma succession, mais elle jaillissait comme une limpide vérité. Elle prenait racine dans une conviction profonde, qui n’était pas seulement intellectuelle, qui n’était pas non plus un excès de confiance en moi. Elle était de ces évidences impossibles à démontrer, ressenties au plus intime du cœur, comme le mystère d’une source qui ne tarirait jamais.
La question, dans sa formulation, n’était pas celle de ma mort. J’ai déjà réfléchi à ma mort. Je n’avais jamais réfléchi à la question de mon « éternité », plus profonde en fait que la question de la mort, même si elle y est liée.
Qu’est-ce qui nous permet de dire « Je crois à la vie éternelle » ? Qu’est ce qui nous permet de « nous » croire éternels, sans pour autant nier la mort ? Qu’est-ce qui soutient en nous ce sentiment, nourrit cette conviction ?
Nos contemporains, comme déjà les sadducéens du temps de Jésus, n’y croient pas. Ils ont remplacé l’éternité par la notoriété. Pour eux, je cesserai vraiment d’exister quand plus personne ne se souviendra de moi.
Ne nous moquons pas. Ils ont raison ou, du moins, ils sont sur le chemin. Ils comprennent inconsciemment que tout est là : dans la relation. C’est l’autre qui me fait exister, ne serait-ce qu’en pensant à moi, en se souvenant de moi, en faisant mémoire de moi.
Et c’est pour cela que je suis éternel : parce que je suis aimé.
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