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La Réforme

 

L’intérêt de la célèbre collection Que sais-je ? dépasse largement celui des seuls étudiants tant ses titres, abordant tous les domaines du savoir et de la culture, étanchent la curiosité d’un public beaucoup plus vaste. C’est le cas avec La Réforme (1517-1564), paru en septembre 2017, dont nous n’avions pas encore fait état dans notre mensuel malgré le fait que Pierre-Olivier Léchot soit membre du comité de rédaction.

Près de cinquante ans après le premier opus d’un autre professeur de la Faculté de théologie protestante de Paris – Richard Stauffer –, Pierre-Olivier Léchot dépoussière une histoire que l’on penserait, à tort, maîtriser, à la lumière des dernières avancées historiographiques. Les lecteurs invétérés de ce mensuel ont sans doute dans leurs bibliothèques quantité d’ouvrages sur ce que nous nommons volontiers à présent les protestantismes. Au risque d’être tautologique, il convient de s’arrêter sur le moment fondateur de ces nouvelles confessions : la Réforme.

C’est ce que nous invite à faire cet ouvrage, à la lecture aisée et néanmoins écrit dans un français qui ne rougit pas de ses racines « seizièmistes » (oserions-nous dire calviniennes ?), ce qui ne gâte rien. Car si l’on tend par exemple à éviter de parler aujourd’hui de Réforme « radicale » à propos du mouvement anabaptiste, ce n’est pas au profit d’une simple querelle de mots mais bien pour signifier la diversité d’un courant du protestantisme dont les acteurs n’ont pas seulement éclos à la faveur d’un contexte socio-économique mais qui pouvaient aussi partager certaines vues avec les grandes figures de la Réforme dite « magistérielle ».

Du reste, les désaccords intervenus dès les premiers temps de la Réforme – Luther ripostant à Zwingli au moment du débat sur la signification du sacrement de la Cène : « Nous n’avons pas le même Esprit » ; ou Calvin dédicaçant son Institution chrétienne à François Ier en prenant soin de se démarquer de ceux qui, comme à Münster, persuadés du retour prochain du Christ, renversent les autorités en place, instituent la communauté de biens et autorisent la polygamie – ces désaccords, donc, sont en grande partie la conséquence d’un principe que tous entendaient mettre à la base de leur réflexion : le sola Scriptura. Sauf que « seulement par l’Écriture » ne saurait suffire à dégager une bonne compréhension du texte biblique tant les interprétations sont multiples, sans parler de la question de la traduction qu’avaient sans doute déjà perçue les « évangéliques » réunis autour de Lefèvre d’Étaples et de l’évêque de Meaux, Guillaume Briçonnet, dans le premier quart du XVIe siècle.

Dans le balayage minutieux des différentes Réformes en Europe continentale mais aussi en Angleterre (où Élisabeth première du nom finira par imposer une sorte de troisième voie entre calvinisme et catholicisme), Pierre-Olivier Léchot – historien et théologien – n’oublie pas justement les théologies réformatrices formulées dans les derniers siècles du Moyen Âge et qui constituent le contexte dans lequel la Réforme protestante va se déployer.

Qu’il s’agisse de revisiter une histoire relevant parfois de l’identité familiale ou de la découvrir, ou bien encore de pouvoir (enfin) répondre à la question des différences initiales entre réformés et luthériens ou celles, plus subtiles bien que paraissant plus évidentes, entre protestantisme et anglicanisme, les raisons ne manquent pas d’acheter et d’offrir cette nouvelle édition de La Réforme.

Pierre-Olivier Léchot, La Réforme (1517-1564), Paris, Presses universitaires de France, 2017, 128 pages.

 

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À propos Benjamin Limonet

Benjamin LIMONET est pasteur proposant de l’Église Protestante Unie de France pour le pôle Allier. Il dessert les paroisses de Moulins, Montluçon et Vichy.

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