On a déjà lu avec bonheur des textes de Jacques Musset dans Évangile et liberté. Cet ancien prêtre catholique qui a, non sans courage, renoncé à son ministère pour se marier, a souvent des positions théologiques proches de celles du protestantisme libéral. Il vient de publier, dans la superbe collection « Poètes de la parole » aux éditions Olivétan, une étonnante relecture de cinquante psaumes.
Notre ami a fait le choix de s’adresser à des personnes qui ne partagent aucune foi religieuse : un défi qu’il s’est risqué à courir « sans complexe mais aussi sans arrogance ». Ses retranscriptions ne sont donc pas de simples toilettages des mots de la Bible, mais un véritable renouvellement, sa longue fréquentation du psautier l’autorisant à prendre des libertés avec le texte tout en demeurant fidèle à son esprit. Pour lui, « la fidélité n’est pas la répétition mais la recréation ».
Ces « psaumes pour agnostiques » évitent donc d’employer le mot « Dieu », si galvaudé aujourd’hui que souvent, il ne désigne plus rien de commun avec le Dieu de Jésus-Christ. Notre poète préfère avoir recours à des images qui suggèrent l’expérience spirituelle commune à tous les humains, croyants ou athées : « l’exigence intérieure », « le plus intime », « le meilleur de moi-même », « la source cachée du sursaut intérieur », « voix et souffle intérieurs inspirateurs de mon existence ».
C’est donc très volontairement, pour qu’apparaisse leur message universel, que ces « psaumes » ne s’adressent pas à Dieu, ne sont pas des prières, mais des exhortations personnelles adressées à chacun, quels que soient sa foi ou ses refus : une façon de planter le message en pleine modernité.
Jacques Musset, Vers la source cachée, Psaumes pour notre temps, Lyon, Olivétan, 2019, 88 pages.
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